Budget : plutôt que de taxer les ultra-riches, l’exécutif s’attaque encore aux chômeurs et aux précaires

Les privés d’emploi sont devenus le bouc émissaire favori du gouvernement. Dans une lettre de cadrage adressée ce vendredi 1er août aux « partenaires sociaux », le premier ministre exige que syndicats et patronat trouvent, d’ici au 15 novembre, entre 2 et 2,5 milliards d’euros d’économies annuelles dès 2026. Objectif final : atteindre au moins 4 milliards par an à partir de 2030, pour « participer à l’effort budgétaire ».

L’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC), dans un courrier commun, dénonce une « attaque en règle » dépourvue de « justification légale » et « stigmatisant les demandeurs d’emploi ». Elle déplore « une volonté explicite de revenir sur soixante-dix ans de luttes et d’acquis sociaux, au moyen de nombreuses contrevérités », notamment concernant les prévisions sur la dégradation de la trajectoire budgétaire de l’assurance-chômage, selon elle « faussées, comme le montraient celles de l’Unédic, de la Banque de France ou de la Commission européenne ».

« Un plan d’économie violent »

Pour justifier ce tour de vis, le chef du gouvernement invoque la nécessité d’être « plus nombreux à travailler » et compare la France à ses voisins européens, accusant le pays d’offrir des indemnités « trop généreuses ». Dans ce sens, il prévoit un durcissement des règles d’indemnisation après une rupture conventionnelle et la hausse de la durée minimale d’activité qui ouvre des droits à l’indemnisation. Celle-ci avait déjà été rehaussée en 2019, de 4 à 6 mois sur les vingt-quatre derniers mois.

Denis Gravouil (CGT) parle d’« un plan d’économie violent », qui touchera « les plus précaires ». Derrière cette énième offensive se profile une orientation politique claire : faire payer aux privés d’emploi une part croissante de l’austérité, sous prétexte d’un « retour rapide à l’emploi » qui s’apparente surtout à une pression accrue pour accepter n’importe quel poste, à n’importe quel salaire.

Ce nouvel assaut survient alors qu’une convention austéritaire est en vigueur depuis avril 2025, que la CGT et la CFE-CGC avaient refusé de signer. Les syndicats fustigent la « précipitation du gouvernement », d’autant plus qu’« une commission d’enquête sénatoriale vient de révéler le maquis des dispositifs permettant de transférer 211 milliards d’argent public vers les entreprises, sans évaluation sérieuse de leur efficacité et, pour certains, sans contrôle ni condition » de leur affectation.

Dans cette missive, François Bayrou annonce également vouloir « porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours, le lundi de Pâques et le 8 mai », pour les salariés du public comme du privé. Il invite les syndicats à ouvrir les négociations dès le 1er septembre et à les conclure « au plus tard le 30 septembre ».

En cas d’échec des négociations, l’exécutif menace de reprendre la main et d’imposer ses règles, comme l’avait tenté Gabriel Attal en 2024 avant la suspension de son projet. FO a déjà appelé à la mobilisation et à la grève, avec un préavis couvrant du 1er septembre au 30 novembre. Alors que la pétition contre le budget Bayrou a déjà recueilli plus de 300 000 signatures, une réunion intersyndicale début septembre doit décider des suites à donner.

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