REPORTAGE. "C'est la première fois que je vois autant de Parisiens à Angers" : comment le PSG a su conquérir de nombreux supporters hors de la capitale

J-1 avant la dernière marche. Le PSG est à la veille du match qui lui permettra peut-être de se qualifier pour sa deuxième finale de Ligue des champions. Les Parisiens, vainqueurs 1-0 à l’aller mardi dernier, affrontent mercredi 7 mai au Parc des Princes les Anglais d’Arsenal en demi-finale retour. Et nul doute que le match sera suivi par énormément de Français, car le Paris Saint-Germain, club qui fut longtemps haï au-delà de l’Ile-de-France, a conquis ces dernières années un public de plus en plus large. Le résultat d’une stratégie initiée par ses propriétaires qatariens.

Pour vérifier cette ferveur hexagonale pour le PSG, direction Angers, à 300 km au sud-ouest de Paris. Le centre-ville d’Angers, ses bars nombreux, où il y a tout juste une semaine, à 21h04 précisément, une foule de maillots rouge et bleu célébrait le but d’Ousmane Dembélé presque aussi fort que dans les rues de la capitale.

"On se montre beaucoup plus, avance Mathis, 20 ans, C'est la première fois que je vois autant de Parisiens à Angers rassemblés au même endroit." Le jeune homme est né à Angers, a grandi à Angers, mais avec un héritage : "C'est mon père qui, depuis tout petit, nous a transmis sa passion de supporter du PSG. Comme dans toutes les villes de France, ici c'est Paris !"

"On a quand même eu des stars"

Mathis fait partie du PSG Fan Club d’Angers, créé il y a deux ans par Julien. "Je suis d'Angers, j'y suis né, j'y ai toujours habité, raconte-t-il. Je suis fan du PSG depuis que je suis petit. J'avais envie de fédérer autour de cette passion du PSG." Parmi les premières à avoir rejoint ce club, Céline, qui se réjouit de partager avec toujours plus d’Angevins sa passion de plus de 35 ans : "On a quand même eu des stars qui sont venues à un moment donné : Mbappé, qui est resté pendant quelques années, on a eu Neymar, Messi... Tout ça a fait qu'il y a eu un peu plus d'engouement pour le PSG."

C’est l’œil amusé que Fabien observe cette ferveur, lui, le seul Parisien de naissance. "Mon premier match, c'était en 1988, se souvient-il. Et, abonné de 1998 à 2006, je suis parti pour Angers. Et dans une ville comme Angers, en 2006, il y avait très peu de supporters parisiens." Alors Fabien se réjouit bien sûr, mais en bon Parisien, il nuance.

"Plus de supporters c’est bien, il ne faudrait pas non plus qu’il y en ait trop."

Fabien, supporter du PSG

à franceinfo

Ce qui est surprenant, c’est qu’il y a à Angers un club de l’élite, qui affronte régulièrement le PSG d’ailleurs : le SCO qui, sur les dix dernières saisons, en a passé neuf en Ligue 1, et qui a un public fidèle, notamment certains de ces adolescents du club NDC, dans le nord de la ville. Par exemple, Zoé, 14 ans, regarde le SCO le week-end. "C'est la ville. C'est ma deuxième équipe favorite", lance-t-elle. Sa deuxième équipe, car la première est "Paris. Ils ont du talent, ils montrent des choses qu'on ne voit pas dans toutes les équipes."

Même chose pour Kessie, 11 ans. "J'ai trois maillots de Paris. J'aime bien les joueurs, par exemple j'aime la façon dont joue Barcola parce qu'il est jeune et joue bien", détaille-t-il. Mais même chez les jeunes, le PSG ne fait pas l’unanimité. Callie, lui, penche pour le rival : "L'Olympique de Marseille, pas le PSG. Eux, ils aiment surtout beaucoup avoir des stars alors que nous, on préfère des joueurs qui se donnent pour le maillot."

Des groupes de supporters courtisés par le club

Le PSG est-il devenu le club le plus populaire de France ? Il y a par exemple cette étude de la Ligue de football professionnel datant du mois de février. Quand on demande aux Français intéressés par le foot à quel club ils associent le ballon rond, le PSG est devant avec 75%, l’OM est deuxième avec 65%, alors qu’il y a 15 ans, juste avant l’arrivée des Qatariens, l’OM devançait largement Paris de plus de 30 points.

C’est le résultat d’un travail de longue haleine mené au siège du PSG où, depuis 2016, Arnaud Delpech organise le maillage des clubs de supporters dans l’hexagone. "Là, on regarde la liste de tous les groupes qui seront présents au match PSG-Arsenal", décrit-il.

"On voit qu'on a un groupe en Indre, il y a aussi les Vosges, la Gironde, le Pays basque, La Rochelle, Poitiers, Angers, et des gens qui viennent de La Réunion."

Arnaud Delpech, fan interactions manager au PSG

à franceinfo

Au total, il y a une douzaine de groupes en France à qui le PSG propose des billetteries de groupe et d’autres avantages. "Indirectement, on a intérêt nous aussi de capitaliser sur la présence de ces groupes-là, parce que ce sont finalement les meilleurs ambassadeurs du club dans leur région. Et eux vont parfois pouvoir accéder à des expériences un peu sympathiques, comme pouvoir approcher des joueurs en avant match pendant l'échauffement pour ceux qui viennent de très loin et qui sont engagés toute l'année."

Mais l’expansion du PSG est-elle illimitée ? En tout cas, selon cette même étude de la Ligue, le pourcentage de supporters parisiens, après une forte augmentation en dix ans, stagne ces deux dernières saisons.