Vote de confiance : le RN rêve d’une dissolution
Le Rassemblement national change de pied. Une habitude, pour le parti d’extrême droite, qui ne cesse de modifier ses programmes et ses stratégies en fonction de ses intérêts électoraux. En atteste, encore, le plaidoyer libéral de Jordan Bardella, jeudi 28 août aux universités d’été du Medef, fustigeant une « hyperfiscalité », et prônant davantage de « soutien » aux entreprises, en contradiction avec le discours de Marine Le Pen lors de ses campagnes présidentielles.
Ces derniers jours, c’est aussi dans son attitude vis-à-vis du gouvernement que le RN a modifié, soudainement, sa stratégie. Désireuse d’apparaître comme le « parti de l’ordre contre le chaos », l’extrême droite s’était mise dans la position d’un soutien sans participation à l’exécutif, que François Bayrou a fait voler en éclats. « Politiquement, c’est inenvisageable de s’abstenir », reconnaît le député Mathias Renault dans le Figaro à propos du vote de confiance prévu le 8 septembre.
Alors qu’il entendait peser sur le budget, prêt à ne pas censurer s’il obtenait « des victoires », le Rassemblement national a dû changer de stratégie. Désormais, il pousse même pour une dissolution, qu’il semblait redouter il y a quelques semaines. « Il est évident que dans la situation actuelle, je ne vois aucune autre solution que de se tourner vers les Français. On ne peut pas tenir deux ans comme cela. Ce n’est pas possible », a déclaré, samedi, Jordan Bardella, qui se rêve à nouveau en premier ministre.
Un « bureau de campagne » convoqué à la hâte
Le président du RN a même convoqué à la hâte, lundi après-midi, un « bureau de campagne » des élections législatives, la veille de la rencontre entre ses dirigeants et François Bayrou à Matignon. Boosté par les sondages en sa faveur, qui placent l’extrême droite en tête et pronostiquent à ce stade un affaissement du front républicain, le parti lepéniste axe toute sa communication sur « la nécessité d’un retour aux urnes ».
Une rhétorique qui leur permet en plus de justifier leur absence de soutien au mouvement social du 10 septembre, perçu comme « approprié par l’extrême gauche ». Interrogé sur cette décision, samedi sur BFM TV, Jordan Bardella a balayé : « Quand on veut exprimer sa colère, on utilise le moyen le plus démocratique qu’il soit, on vote. »
Ce scrutin, le Rassemblement national l’espère dès l’automne, à condition qu’il ne s’agisse pas d’une présidentielle anticipée. Plusieurs cadres se sont prononcés ces derniers jours contre une destitution d’Emmanuel Macron. Il faut dire qu’un tel scrutin se ferait sans leur candidate, Marine Le Pen ayant été condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, en mars dernier, avant un appel prévu au printemps 2026.
Cependant, l’intéressée a annoncé qu’en cas de législatives – et a fortiori en cas de présidentielle -, elle tenterait tout de même de se présenter, en saisissant le Conseil constitutionnel. Donc tout faire pour ne pas respecter une décision de justice. Drôle de « parti de l’ordre ».
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