La fédération internationale d’athlétisme acte l’instauration d’un test génétique pour participer aux compétitions féminines

Lors de sa campagne présidentielle, Donald Trump disait vouloir « arrêter le délire transgenre » dès son retour à la Maison Blanche : l’offensive réactionnaire contre les athlètes transgenres a bel et bien commencé et pas qu’aux États-Unis. « Toutes les athlètes » souhaitant participer aux compétitions mondiales dans la catégorie féminine sont maintenant dans l’obligation de se soumettre à un test génétique dit de « féminité », a annoncé mercredi 30 juillet World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, dans un communiqué.

Cette nouvelle mesure risque de faire date, puisqu’il s’agit de la dernière règle invisibilisant un peu plus les femmes trans des compétitions sportives. Par ailleurs, elle entre en vigueur le 1er septembre, soit 13 jours seulement avant le début des championnats du monde d’athlétisme (du 13 au 21 septembre) à Tokyo, au Japon.

« Il faut être biologiquement une femme »

Ce test pour le « gène SRY », un morceau d’ADN révélant la présence du chromosome Y, « permet de déterminer de façon fiable le sexe biologique », déclare World Athletics. L’instance précise que les tests sont uniques et seront réalisés sous la supervision des fédérations membres, à l’aide d’un prélèvement buccal ou d’une prise de sang.

Pour le président de World Athletics, Sebastian Coe, ce test a pour but de protéger la « philosophie » et « l’intégrité du sport féminin ». « Il est très important pour un sport qui cherche en permanence à attirer plus de femmes qu’elles sachent qu’il n’y a pas de plafond de verre biologique », argumente l’ancien champion olympique dans un communiqué.

Selon lui « pour pouvoir concourir dans la catégorie féminine » au niveau élite « il faut être biologiquement une femme ». « Il a toujours été très clair pour moi et pour le Conseil mondial de l’athlétisme que le genre ne peut pas l’emporter sur la biologie », estime-t-il.

Discrimination des athlètes transgenres

Si les défenseurs des droits humains, comme Human Rights Watch, pensaient ne plus voir ces tests de féminité revenir sur le terrain, introduits dans les années 1960 et stoppés fin des années 1990, ils font progressivement leur retour dans les compétitions sportives comptant pour le classement mondial. Une décision qui pérennise l’exclusion et la discrimination des femmes transgenres dans le milieu sportif.

Dans un rapport publié en 2020, l’ONG avait d’ores et déjà appelé World Athletics à arrêter les tests de féminité, une mesure que HRW qualifie d’« humiliante » et portant atteinte à la « dignité » humaine des sportives. Elle y dénonçait notamment la surveillance étroite imposée aux athlètes féminines transgenre ou « hyperandrogène », comme la championne olympique sud-africaine du 800 mètres, Caster Semenya.

Elle avait refusé de se plier au traitement hormonal imposé depuis 2018 par World Athletics pour les athlètes « hyperandrogènes » dans le but de faire baisser leur taux de testostérone. Dans cette affaire, la Cour européenne des droits humains (CEDH) avait condamné la Suisse pour violation du droit à un procès équitable concernant la double championne olympique (2012, 2016) et triple championne du monde (2009, 2011, 2017), qui s’estimait victime de discrimination.

« Les politiques profondément discriminatoires – telles que les réglementations sur les tests de féminité – vont à l’encontre des engagements pris par le mouvement olympique en faveur de la dignité et de l’égalité pour tous » avait alors déclaré Human Rights Watch. Les règlements de la fédération internationale d’athlétisme « violent donc les droits fondamentaux à la vie privée, à la santé et à la non-discrimination ».

Dernièrement c’est le comité olympique étasunien qui a décidé d’exclure les femmes transgenres des épreuves féminines pour les prochains Jeux olympiques et paralympiques de 2028, toutes disciplines confondues. Une décision prise après la signature par Donald Trump en février du décret présidentiel intitulé « Keeping Men Out of Women’s Sports » («Tenir les hommes à l’écart du sport féminin », NDLR). Une réforme qui poursuit les attaques transphobes à répétition du président des États-Unis depuis son élection en novembre 2024, et l’acharnement de ce dernier contre les personnes trans.

Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !

C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.

Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.