Réforme des retraites : comment LR et macronistes cherchent à gagner du temps

L’élastique serait sur le point de céder. C’est, en tout cas, ce qu’essaient d’instiller les macronistes et les ténors des « Républicains », mécontents d’être si peu « traités » par le premier ministre affairé à négocier sa non-censure avec la gauche hors FI.

Pour eux, la suspension de la réforme des retraites, c’est niet. « Si François Bayrou le fait, je n’aurais aucune arrière-pensée au moment de censurer le gouvernement », menace le député Renaissance Stéphane Vojetta. « Ce sera sans la droite », avertissait lundi 13 janvier Laurent Wauquiez, président du groupe LR, auprès de ses troupes. Au point d’imaginer les Bruno Retailleau, Annie Genevard et compagnie quitter le gouvernement après l’annonce, par François Bayrou, d’un « conclave » aux contours très flous sur les retraites ?

« Il faut acter que la réforme n’est pas pleinement satisfaisante »

Il faudrait pour cela assumer de rompre avec ledit « socle commun », alliance entre les macronistes et la droite pour barrer la route de la gauche vers Matignon. Et ce, sur la très sensible question de la réforme très impopulaire des retraites, qui ne sera pas suspendue, mais seulement rediscutée. « Gabriel Attal (président du groupe macroniste – NDLR) et Laurent Wauquiez sont dans la nasse : ils ne savent pas quoi faire. Si Bayrou tombe, ils tombent avec », savoure un socialiste.

L’équation est compliquée pour eux : ils ne veulent ni l’abandon de la loi Borne de 2023 ni la chute de l’équipe Bayrou. Surtout après avoir autant agité la menace du chaos économique au moment de la censure de Michel Barnier. « On leur demande de trouver 3 milliards sur les retraites quand une censure du gouvernement pourrait, sur les marchés financiers, coûter 10 milliards en quarante-huit heures. Ils peuvent avancer sur le sujet », veut croire le socialiste susmentionné.

Et si l’élastique n’était pas si tendu que ça ? Les partenaires de François Bayrou veulent surtout gagner du temps pour enterrer toute remise en question grâce à un conclave qui pourrait, en même temps, contenter les socialistes (ce qui reste à voir) sans effrayer la droite. « On peut rediscuter des retraites car la précédente réforme n’est pas mûre, assure le LR Vincent Jeanbrun. Nous y sommes prêts, mais le sujet c’est la méthode. Les Français doivent être protégés de l’inconnu budgétaire : on ne peut pas mettre l’économie en péril. »

Et sa collègue macroniste Brigitte Klinkert d’affirmer que François Bayrou a « la bonne méthode » en reprenant la « discussion » tant qu’il n’abroge ni ne suspend la réforme. « Il faut acter qu’elle n’est pas pleinement satisfaisante », encourage Erwan Balanant, député Modem proche de François Bayrou. Un premier ministre qui, visiblement, connaît la phrase de Clemenceau : « Si tu veux enterrer un problème, crée une commission. »

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