REPORTAGE. Utilisé pour la première fois sur terre battue à Monte-Carlo, l'arbitrage électronique divise les joueurs

Au tournoi de Monte-Carlo, du 5 au 13 avril, l’annonce des balles "faute" n’est pas donnée par un juge de ligne, mais par une voix métallique provenant une machine électronique reliée à des caméras situées autour du court. Il est le premier Masters 1000 sur terre battue à utiliser un tel système, déjà employé sur gazon et surface rapide. Les juges de ligne ayant disparu, il n’y a plus de contestation possible.

Côté joueur, les avis sont partagés. Pour le Russe Daniil Medvedev, c'est une bonne chose car ça permet de se concentrer sur son jeu. "Le système, j'ai l'impression qu'il marche pas mal. Au moins, on ne peut pas trop discuter avec le système", affirme le tennisman.

En revanche, Arthur Fils a un avis bien différent et plutôt tranché : "Je trouve ça nul. Je trouve que c'est toujours mieux d'avoir l'appréciation des juges de ligne et de l'arbitre, parce que la machine peut se tromper parfois, je pense." Sur terre battue, la balle laisse une trace et le joueur a tendance à aller voir lui-même la marque.

Plus de recours possible

En cas de litige, les joueurs n’ont plus aucun recours. Les arbitres de chaise ont reçu la consigne de ne plus descendre de leur perchoir pour vérifier une marque. Une mésaventure qui est arrivée à Ugo Humbert à Monte-Carlo, lors de son premier match contre l'Australien Alexeï Popyrin. "Il me sert une balle au T, qui est annoncée bonne, mais je vois la marque qui est vraiment 20 centimètres à côté. Je ne peux rien y faire, parce que l'arbitre ne peut pas descendre de la chaise. C'est la machine qui décide, donc il ne pouvait pas descendre. Il pouvait bien constater qu'elle était largement à côté, donc c'est comme ça", raconte Ugo Humbert.

Arthur Fils a vécu la même frustration durant l’un de ses matches. "À un moment j'ai fait une volée, j'étais persuadé d'avoir vu la ligne blanchir, mais vraiment persuadé et on me montre à l'image qu'elle est 'faute'. Pour moi, ça avait blanchi. Mon premier réflexe a été de dire à l'arbitre 'descend, va voir', mais il n'est pas descendu. Du coup, je n'aime pas trop", témoigne le tennisman français.

"Il y aura des erreurs"

Pour Ugo Humbert, l’arbitrage électronique sur terre battue n’est pas fiable à 100%. "Il faudrait peut-être revoir ça, estime-t-il. Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment totalement au point sur terre battue avec les glissades, le fait qu'il y a de la terre sur les lignes... Je pense qu'il y aura des erreurs durant la saison sur terre." Le tournoi de Roland-Garros a d'ores et déjà annoncé qu'il n'utiliserait pas l’arbitrage électronique cette année. Les organisateurs ont décidé de maintenir les juges de ligne, mais pour combien de temps encore ?