Les menaces commerciales de Trump perturbent l'agenda défense des pays de l'UE réunis à Bruxelles
Les menaces de tarifs douaniers agitées par Donald Trump à l'encontre de l'Europe ont bousculé lundi 3 février l'agenda des dirigeants des pays de l'Union européenne (UE), réunis à Bruxelles pour tenter de doper leurs dépenses militaires.
À l'issue de cette "retraite" informelle des Vingt-Sept, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a évoqué devant la presse quelques pistes de financement pour accroître les capacités de défense européenne. Elle a ainsi suggéré plus de flexibilité dans les règles budgétaires, qui limitent les déficits publics des États membres à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB) et leur niveau d'endettement.
"Nous sommes tous d'accord pour dépenser plus et pour dépenser mieux", a assuré de son côté Antonio Costa, le président du Conseil européen, instance qui réunit les chefs d'État et de gouvernement de l'UE.
Mais face aux propos menaçants du 47e président américain, qui imposé puis suspendu des droits de douane au Canada et au Mexique, les Européens ont tenté de trouver le bon ton pour préparer une éventuelle riposte.

"Si nous étions attaqués sur les sujets commerciaux, l'Europe, comme une puissance qui se tient, devra se faire respecter et donc réagir", a lancé le président français Emmanuel Macron.
"Je peux seulement dire que nous sommes prêts", a répondu lundi soir Ursula von der Leyen, mais l'Europe doit aussi "être très pragmatique (...), discuter et négocier si nécessaire", a-t-elle insisté.
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Car pour d'autres, la priorité surtout est d'éviter coûte que coûte une guerre commerciale "inutile et stupide", selon les termes du Premier ministre polonais Donald Tusk.
Doper les dépenses militaires face à la menace russe
Lors d'un déjeuner de travail, les Vingt-Sept se sont entretenus avec la secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, avant de retrouver dans la soirée le Premier ministre britannique Keir Starmer, une première pour un dirigeant britannique depuis le Brexit.
Ce dernier s'est dit prêt à travailler avec les Européens pour "écraser la machine de guerre" du président russe Vladimir Poutine. Il devrait retrouver les Vingt-Sept en mai à l'occasion d'un sommet au Royaume-Uni où la défense sera l'un des principaux sujets, a précisé Antonio Costa.
Depuis le lancement de l'invasion russe de l'Ukraine, les pays européens ont sensiblement augmenté leurs budgets militaires. Mais ils reconnaissent aussi presque à l'unisson qu'ils ne s'arment pas encore assez vite alors que l'inquiétude grandit face à la possibilité que Vladimir Poutine s'en prenne à l'un d'entre eux dans les années à venir.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a donné une nouvelle dimension au débat, le tonitruant président répétant sur tous les tons que l'Europe ne doit plus tenir la protection américaine pour acquise. Il exige désormais que les pays européens doublent au minimum leurs dépenses militaires, en y consacrant au moins 5 % de leur Produit intérieur brut, un objectif jugé irréaliste pour nombre d'entre eux.
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Le financement de la défense fait débat
Si le consensus sur la nécessité d'augmenter les dépenses de défense est là, la façon d'y parvenir reste l'objet d'âpres débats. Bruxelles estime que le bloc devra investir 500 milliards d'euros en plus dans la défense sur la décennie à venir.
Et pour certains, comme le président Emmanuel Macron, l'Europe doit surtout financer sa propre industrie de défense. "C'est en décidant d'acheter, de préférer les achats européens qu'elle (l'Europe) sera plus indépendante, c'est assez simple", a-t-il martelé lundi.
Mais d'autres pays jugent qu'au moment où l'industrie européenne peine à soutenir la cadence, les critères ne devraient pas être trop stricts. Et acheter des armes aux États-Unis pourrait être un moyen de garder des relations au moins correctes avec Trump, arguent-ils.
Nombre de pays plaident aussi pour un grand emprunt européen.
La présidente de la Commission européenne n'a toutefois pas totalement écarté l'idée d'un financement commun de projets européens spécifiques, dans le domaine par exemple des capacités de défense anti-aérienne, dont la guerre en Ukraine a révélé les capacités insuffisantes en Europe. Elle présentera les propositions de la Commission dans un "Livre blanc" sur la défense, attendu à la mi-mars, pour préparer les décisions des Vingt-Sept en juin lors d'un sommet européen.
Avec AFP