Russie, Chine et États-Unis : quand la fonte des glaces précipite la bataille mondiale de l’Arctique
« Le monde entre dans l’âge de l’Arctique », écrivait, à l’hiver 1985 déjà, le professeur Oran Young, de la Bren School of Environmental Science & Management à l’université de Californie, dans la revue Foreign Policy. À mesure que la calotte glaciaire disparaît sous l’effet du réchauffement climatique, Chine, États-Unis et Russie avancent leurs pions. C’est que la région représente pour eux un atout majeur en raison de sa situation géographique et de sa rapide transformation.
Aussi, les déclarations tonitruantes de Donald Trump le 7 janvier dans son fief floridien de Mar-a-Lago ont braqué les projecteurs du monde sur l’Arctique. Le locataire de la Maison-Blanche s’est déclaré prêt à annexer le Groenland, ce gigantesque bout de terre, province autonome du royaume du Danemark, territoire d’outre-mer de l’Union européenne indirectement rattaché à l’Otan.
Un eldorado émerge
Bien que les États-Unis disposent déjà, depuis 1953, d’un avant-poste au nord-ouest de la plus grande île du monde – la base spatiale de Pituffik –, leur ambition n’est pas seulement militaire. « Trump agit comme un businessman, son intérêt au Groenland, ce sont les terres rares et les minerais », décrypte pour l’Humanité le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française aux Nations unies. Remettre coûte que coûte son pays au centre du jeu : tel est le mantra du trublion républicain, qui se sait devancé dans la course au Grand Nord.
« Les forces russes y sont déployées selon une logique de bastion, en particulier autour de la mer de Barents et en Atlantique Nord », précise Jean-François Quérat, vice-amiral français d’escadre, dans Cols bleus. Vladimir Poutine a remilitarisé des dizaines de bases polaires datant de la guerre froide, lui octroyant une