Présidentielle en Biélorussie : aligné sur Moscou, Alexandre Loukachenko vise un septième mandat

Les amateurs de suspense repasseront. L'élection présidentielle organisée dimanche 26 janvier en Biélorussie n'est vouée qu'à maintenir Alexandre Loukachenko à la tête d'un pays qu'il dirige d'une main de fer depuis 30 ans. Opposé à quatre candidats autorisés à participer, et à donner le change, pour une "mise en scène" dénoncée par l'opposition, l'autoritaire dirigeant sait sa victoire acquise, et ne cherche même pas à faire semblant. "Ce n'est pas le moment de débattre", a-t-il estimé à quelques jours du vote, se contentant pour sa campagne de cultiver son image d'homme du peuple en visitant des usines ou des fermes.

Derrière son air bonhomme, l'imposant moustachu fait régner la terreur dans le pays, ce qui lui vaut le surnom de "dernier dictateur d'Europe". Et si la Biélorussie ne compte que neuf millions d'habitants, son territoire imposant partage des centaines de kilomètres de frontières avec la Pologne, les pays baltes et l'Ukraine. Une position stratégique mise à disposition de Vladimir Poutine. Le président russe en a fait la base arrière de son invasion de l'Ukraine en février 2022, et un espace de menace aux portes de l'Europe, en y déployant des armes nucléaires tactiques à l'été 2023, et en envisageant d'y installer ses nouveaux missiles Oreshnik.

Un alignement sur Moscou qui s'est renforcé depuis la dernière présidentielle d'août 2020. Elle avait occasionné des manifestations d'une ampleur inédite pour contester sa victoire avec 80% des voix. Un mouvement réprimé violemment, avec des opposants arrêtés ou torturés, et un maintien au pouvoir qui n'a tenu qu'au soutien de Moscou. Si Alexandre Loukachenko a longtemps cherché à maintenir un semblant de neutralité entre l'Europe et la Russie, hébergeant même en 2015 les négociations entre Poutine, Hollande et Merkel suite à l'occupation du Donbass et de la Crimée en Ukraine, la Biélorussie a totalement basculé depuis 2020, pour devenir un satellite du Kremlin.

Une opposition en exil

Face à la brutalité du régime, l'ONU estime qu'environ 300 000 habitats ont dû fuir le pays depuis 2020. Exil qui concerne aussi les figures de l'opposition, à commencer par sa cheffe de file, Svetlana Tikhanovskaïa, qui vit entre Varsovie et Vilnius. Candidate à la présidence en 2020 à la place de son mari, arrêté et emprisonné, elle mène une résistance à distance, et n'a pas appelé la population à manifester dimanche dans la crainte de représailles. "Notre moment viendra", dit-elle, invitant les alliés de l'Ukraine à utiliser son pays pour faire vaciller Moscou, comme elle l'a expliqué au forum économique mondial de Davos cette semaine, décrivant "le Bélarus comme le point faible de Poutine". L'utilisation du terme Bélarus ne doit rien au hasard. C'est le nom du pays choisi à l'indépendance, en 1991, en référence au nom slave de la région, alors que Biélorussie, qui signifie "Russie blanche, correspond à la domination soviétique depuis 1919. Une appellation imposée par Loukachenko quand il est arrivé au pouvoir.