La paix est-elle possible en Ukraine ? Vladimir Poutine a appelé vendredi 14 mars les soldats ukrainiens à déposer les armes dans la région de Koursk, en écho à Donald Trump qui juge les discussions sur une trêve "productives", quand Kiev accuse Moscou de "chercher à enliser tout le monde". Samedi, plusieurs pays européens ou de l'Otan, alliés de l'Ukraine, participent à un sommet virtuel à Londres, pour préciser les contours d'une coalition de pays volontaires prêts à "soutenir une paix juste et durable". Une possibilité difficilement envisageable pour les soldats ukrainiens revenus du front.
Grigori nous souhaite la bienvenue dans son établissement qui porte un nom bien connu de tous les Français : Le café du Tour de France. Une ambiance cosy, où tout est dédié au vélo, et à cette course mythique qui fait rêver ce cycliste confirmé, depuis qu’il est tout petit. "Avant la guerre, il commençait à y avoir pas mal d’entraînements ici, raconte Grigori. Les cyclistes passaient juste avant, puis se retrouvaient ici après, pour manger, boire un café, se reposer. Mais la guerre a tout foutu en l’air. Beaucoup de cyclistes ont été envoyés à la guerre, sur le front. On se soutient tous les uns les autres."
"La paix définitive, ça n’arrivera pas"
À 39 ans, enrôlé dans les forces spéciales ces trois dernières années, Grigori a eu le droit de quitter l’armée, au mois de janvier, parce qu’il a trois enfants. Et ses qualités d’athlète, selon lui, l’ont beaucoup aidé. "La plupart des opérations d’envergure que nous avons menées avaient lieu côté russe, derrière la ligne de front", indique l'ancien soldat.
Grigori ne souhaite pas s’attarder sur ce qu’il a vécu au front. Mais après ce qu’il a vu, il ne croit pas vraiment à la proposition de cessez-le-feu américaine, et surtout à la paix, la vraie : "Je pense qu’une paix définitive, totale, non, ça n’arrivera pas. On est désormais un peu comme des lions face à des hyènes. Donc je ne pense pas."
Dans un coin de l’atelier, sa petite amie Katarina ne le lâche pas des yeux, tellement soulagée qu’il soit revenu vivant contrairement à de nombreux amis. "C’est du bonheur !, s'exclame-t-elle. Quand il est revenu, on a commencé une nouvelle vie. Je suis vraiment heureuse, car quand il était à la guerre, c’était toujours l’inquiétude, l’angoisse. On était loin l’un de l’autre. C’était très difficile." Les larmes aux yeux, Grigori confie que c’est la première fois depuis son retour du front qu’il discute à nouveau de ses projets. "Merci, nous dit-il, ça fait tellement de bien."