La politique génocidaire d’Israël en Palestine, notamment à Gaza, en fait l’un des pays « les plus dangereux de l’histoire du journalisme moderne », alerte la Fédération internationale des journalistes (FIJ). De même, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) s’insurge face à ce qui est devenu « un bilan de morts plus élevé que tout autre pays depuis cinq ans ».
Les deux institutions ont dévoilé, respectivement le 11 et le 12 décembre 2024, leur bilan annuel des journalistes tués dans le monde. Sans surprise, le conflit en cours au Proche-Orient se révèle particulièrement meurtrier pour les reporters. La bande de Gaza étant fermée à la presse internationale par l’armée israélienne, il est cependant difficile pour les deux instances d’affirmer avec certitude l’ampleur des dégâts.
Au moins 138 journalistes morts depuis le 7 octobre 2023
Tandis que la FIJ décompte 55 journalistes palestiniens tués en 2024 – et au moins 138 depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023 –, RSF estime ainsi que 35 reporters palestiniens ont perdu la vie sur la même période – sur un total de 145 journalistes tués depuis le lancement des représailles israéliennes. « Un tiers des journalistes tués cette année ont péri sous les bombes des forces armées israéliennes », alerte Thibaut Bruttin, directeur général de RSF. De son côté, la FIJ estime plutôt que la guerre à Gaza – et celle au Liban (6 reporters décédés) – représente 60 % de l’ensemble des journalistes tués en 2024.
« Nous avions une correspondante gazaouie présente sur place jusqu’au mois de mars, explique Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF, auprès de l’Humanité. En combinant son réseau et le nôtre, nous arrivons à établir un faisceau d’indices suffisants qui nous permet d’établir que telle ou telle mort est une conséquence directe de la fonction de journaliste. » Une méthodologie qui peut paraître limitée au vu des bombardements incessants, de la famine en cours et du manque de moyens de communication.
« La plupart des journalistes que nous listons – grâce à nos syndicats toujours présents sur place – ont été tués parce qu’ils étaient visés, estime pour sa part Anthony Bellanger, directeur de la FIJ. Pour certains, nous ne savons pas s’ils étaient, à ce moment-là, en train de travailler, mais l’inverse marche aussi… » Pour l’ancien reporter franco-belge, ces débats autour du nombre de décès ne sont que des discussions « de salons parisiens ». Car, en attendant, un « mort reste un mort » et les responsables continuent de s’en prendre aux journalistes.
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