« Pollution fécale issue des élevages industriels environnants » : Greenpeace et un collectif d’associations alertent sur le danger des eaux contaminées dans le Finistère

Le collectif « Stoppons l’extension Avel Vor », qui réunit l’ONG Greenpeace France et les associations Eau et Rivières de Bretagne, Avenir et Environnement en Pays d’Iroise (AEPI) et l’Association pour la Protection et la Promotion de la Côte des Légendes (APPCL), alerte sur la pollution « alarmante » des eaux du Finistère. « Face aux résultats accablants d’analyses d’eau indépendantes menées sur la plage de Penfoul à Landunvez, les analyses bactériologiques révèlent une contamination préoccupante de l’eau de baignade par des bactéries pathogènes », annonce un communiqué publié vendredi 16 mai.

Les quatre organisations révèlent que des traces d’Escherichia coli, de salmonelles et de staphylocoques ont été repérées. Ces agents pathogènes peuvent « entraîner des infections graves, en particulier chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et immunodéprimées », résument-elles. Or, l’origine de cette contamination fait peu de doutes pour le collectif : « Compte tenu de la proximité d’élevages industriels pratiquant l’épandage, elle serait très probablement liée à la pollution fécale issue des élevages industriels environnants. »

« Près de 70 % de ces fermes usines » situées en Bretagne

« Stoppons l’extension Avel Vor » rappelle ainsi que l’omniprésence des fermes usines d’élevage et « leur densité sur les territoires » génère une pollution massive des sols, de l’air et des eaux du Finistère. Greenpeace France a notamment publié une cartographie en mai 2023, qui confirme que « près de 70 % de ces fermes usines » françaises sont concentrées dans la région de Bretagne, ainsi que dans les Pays de la Loire. Le Finistère accueille à lui seul 445 sites sur son territoire.

C’est pourquoi le collectif exige des mesures immédiates de la part des autorités sanitaires. Jean François Julliard, directeur général de Greenpeace France, Laurent Le Berre, président de l’APPCL et Arnaud Clugery, directeur et porte-parole d’Eau et Rivières de Bretagne, ont cosigné une lettre ouverte envoyée à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, Élise Noguera, directrice générale de l’agence régionale de santé Bretagne et Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins.

Ils y demandent la création de nouvelles mesures officielles : un point « Penfoul fond », qui couvrirait le bassin « où se baignent majoritairement les enfants en bas âge, les personnes âgées et les femmes enceintes », et un point « Penfoul océan », destiné à « informer sur la qualité de l’eau pour les surfeurs, bodyboardeurs et baigneurs en zone dynamique ». Le collectif demande aussi à ce que la recherche de bactéries pathogènes (salmonelles, staphylocoques) soit systématisée « lors de tout épisode de pollution fécale ».

Cette alerte est lancée alors que la proposition de loi dite « PPL Duplomb » – qui vise à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur – est examinée depuis mardi 13 mai en commission des affaires économiques, à l’Assemblée nationale. « La loi se donne pour objectif de faciliter l’installation et l’agrandissement des élevages industriels, sans évaluation environnementale systématique et en réduisant la consultation publique », fustigent les membres du collectif.

Les quatre organisations appellent les députés à rejeter l’article 3 s’attaquant au code de l’environnement, qui sera débattu durant la semaine du 26 mai. « L’adoption d’une telle loi serait un acte irresponsable, ignorant les risques sanitaires et environnementaux avérés et bafouant le droit à l’information et à la participation des citoyens et citoyennes », s’inquiètent-elles. Le collectif tente donc d’éviter que les considérations industrielles prennent le pas sur la sécurité des citoyens et la sauvegarde de l’environnement.

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