Bangladesh: l’organisateur des élections démissionne quelques mois après un vote controversé
Le responsable des élections au Bangladesh a démissionné ce jeudi 5 septembre après avoir nié toute ingérence lors du scrutin controversé de janvier qui avait conduit à la réélection de la première ministre autoritaire Sheikh Hasina, qui a depuis quitté le pays. Kazi Habibul Awal et les quatre autres commissaires électoraux du pays ont tous présenté leur démission, en invoquant l'éviction de l’ancienne cheffe du gouvernement Hasina au terme de manifestations massives de la jeunesse.
Ce sont les derniers hauts fonctionnaires nommés par Hasina parmi lesquels le patron de la banque centrale et des juges de la Cour suprême qui ont quitté leur poste depuis qu'elle a fui en hélicoptère vers l'Inde le 5 août 2024 avant que des manifestants ne prennent d'assaut sa résidence à Dacca. «Les autres commissaires et moi-même avions l'intention de démissionner compte tenu de l'évolution de la situation dans le pays», a déclaré Awal à la presse.
Ces cinq fonctionnaires ont présidé les élections de janvier qui ont garanti la première ministre un quatrième mandat consécutif à la tête du pays, et à son parti, la Ligue Awami, plus des trois quarts des sièges au Parlement. Les élections avaient été marquées par une faible participation et boycottées par le principal parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), qui les avait qualifiées de simulacre notamment après l'arrestation de milliers de responsables de l'opposition.
Un régime «marqués par de nombreuses violations des droits de l'Homme»
Le responsable des élections a estimé que l'absence d'une véritable opposition politique à Hasina signifiait que le vote lui-même s'était déroulé avec intégrité. «Le principal parti d'opposition, le BNP, et les partis qui partagent les mêmes idées n'ont pas participé au scrutin», a-t-il indiqué. «Comme il s'agissait d'une élection à parti unique, il n'était pas nécessaire d'influencer le scrutin», a-t-il argumenté.
Les 15 ans de règne de Mme Hasina au Bangladesh ont été marqués par de nombreuses violations des droits de l'Homme, notamment par la détention de ses opposants politiques. Après sa fuite en Inde, elle a été remplacée par le lauréat du prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, qui dirige un gouvernement intérimaire.
La tâche de M. Yunus est immense, il doit notamment mettre en œuvre des réformes démocratiques après 15 ans de régime autocratique. Son cabinet n'a pas encore communiqué de date pour la tenue d'un nouveau scrutin. Les hauts fonctionnaires qui avaient quitté leurs fonctions en août dernier avaient reçu un ultimatum de la part des leaders des manifestations étudiantes qui ont conduit à la chute de Mme Hasina.