Ligue des champions : pourquoi ce PSG peut-il espérer régner plusieurs années sur l'Europe après ce premier sacre ?

Une victoire mémorable peut-elle en amener d'autres ? Le Paris Saint-Germain a écrit la plus belle page de son histoire, samedi, en remportant sa première Ligue des champions au terme d'une démonstration contre l'Inter (5-0). Jamais une équipe ne l'avait emporté par cinq buts d'écarts en finale de la C1.

Deux ans après la signature de Luis Enrique sur le banc, la sensation qui prédomine avec ce sacre est celle de l'arrivée à maturité d'un projet incarné par l'Espagnol. Si bien qu'il y a quelques raisons de croire au début d'un cycle glorieux amené à durer, alors que l'équipe est déjà celle qui compte le plus de demi-finales dans la compétition depuis 2020 (quatre comme le Real Madrid).

Parce qu'il a un effectif encore très jeune

Cette étoile décrochée est indéniablement celle de l'insouciance. Contre les Intéristes, le PSG a aligné le onze le plus jeune du 21e siècle en finale de la Ligue des champions avec 25 ans et 96 jours en moyenne. C'est simple, le capitaine Marquinhos est le seul joueur de l'effectif déjà trentenaire (31 ans). A tel point que des cadres dans la fleur de l'âge ont pris leurs responsabilités. "Il faut aussi montrer l'exemple parce que je ne suis plus tout jeune. Cela passe par les matchs comme ça : montrer aux plus jeunes qu'il faut défendre, attaquer et tout donner pour le maillot", expliquait, auprès de Canal+, Ousmane Dembélé, 28 ans, après la victoire.

"Nous allons fabriquer nos propres stars", promettait de son côté Luis Enrique en septembre dernier, alors que Joao Neves (20 ans), Willian Pacho (23 ans) ou encore l'homme de la finale, Désiré Doué (19 ans), débarqués l'été dernier, s'apprêtaient à marquer de leur empreinte la saison. Et ce, tandis que Khvicha Kvaratskhelia (24 ans) postule au titre officieux de meilleure recrue hivernale en C1. Bien loin de la politique passée de QSI, qui a vu ses têtes de gondoles - Neymar, Lionel Messi ou encore Kylian Mbappé notamment - échouer sur la scène européenne.

Parce qu'il y a de la stabilité à tous les étages du club

Dans la lignée de cette nouvelle identité, le club peut désormais miser sur une grande stabilité : tous les joueurs de l'équipe-type ont un contrat qui court encore pour trois années minimum (hormis Fabian Ruiz en 2027 et Gianluigi Donnarumma en 2026). Le seul poste qui pose question est donc celui de gardien, d'autant que le portier italien a laissé planer le doute sur ses intentions de prolonger samedi soir. Avec ses moyens quasi illimités, le PSG pourrait facilement cibler un remplaçant digne de ce nom en cas de besoin. Grâce à ce sacre, l'entraîneur espagnol a, en plus, validé sa politique tournée davantage vers le collectif que vers les stars, autrefois privilégiées à Paris. Pas de raison d'en changer.

Au niveau du staff et du board parisien, tout semble également réglé depuis les prolongations annoncées du duo des Luis, Campos et Enrique. Le conseiller sportif portugais, arrivé au PSG en 2022 est lié au club jusqu'en 2030 avec un périmètre encore plus large, tandis que l'Asturien - qui s'est félicité sur Canal+ d'une "connexion très forte avec les joueurs et les supporters" à Paris - a encore deux années devant lui sur le papier. De quoi s'avancer plus sereinement vers l'avenir.

Parce qu'il a toujours soif de victoires après avoir brisé le plafond de verre

Sur la pelouse à Munich une fois la Ligue des champions dans la besace parisienne, l'Argentin Javier Pastore, l'une des premières recrues de l'ère QSI en 2011 a estimé au micro de Canal+ "que le club a toutes les structures, le staff, les joueurs pour continuer de marquer l'histoire dans cette compétition". Dans le détail, Ousmane Dembélé faisait remarquer, samedi, la transformation de l'état d'esprit parisien avec une culture de la gagne importée par Luis Enrique. Pour preuve, il est devenu le deuxième entraîneur après Pep Guardiola à signer un triplé Coupe-championnat-Ligue des champions avec deux clubs différents (Barça 2015 et PSG 2025). Contre l'Inter, la capacité des Rouge et Bleu à continuer d'enfoncer le clou jusqu'à s'offrir une manita a d'ailleurs largement marqué.

"Le coach a changé quelques petites choses qui nous ont fait du bien. Il a mis aussi énormément de concurrence dans l'équipe, qui pousse tous les joueurs à se donner à 100% sinon tu es remplacé. Il a fait une vraie équipe, les joueurs ont élevé leur niveau de match en match."

Ousmane Dembélé après la finale PSG-Inter

à Canal+

Après 14 années d'échecs, et quelques humiliations au passage, le PSG a décroché le titre suprême. Et pourtant, ses représentants ne semblaient pas rassasiés au coup de sifflet. "Il faut toujours se remettre en question. Il reste encore de grandes choses à aller chercher pour ce club", a dit Désiré Doué en conférence de presse alors que l'entraîneur se projetait déjà sur le Mondial des clubs en juin : "C'est une compétition incroyable. Nous voulons terminer cette saison de la meilleure manière possible, ce serait la cerise sur le gâteau, nous pouvons gagner le cinquième titre en une saison". Une mentalité qui peut permettre à ce groupe de durer.

Parce qu'une force collective se dégage quand les adversaires arrivent en fin de cycle

Enfin, pour envisager le début d'une domination à l'échelle européenne, il faut considérer la qualité des adversaires potentiels du club de la capitale. Après deux finales de Ligue des champions perdues en trois éditions avec la même ossature, l'Inter semble en fin de cycle. Idem pour Manchester City, qui a bouclé une saison difficile et vu partir son ancien maître à jouer, Kevin De Bruyne. Ailleurs, le Bayern, Liverpool et Arsenal ne semblent pas non plus, en l'état, apporter des garanties aussi solides que le PSG à long terme.

En Espagne, le Real Madrid a terminé une saison blanche de titres et entame, certes, une reconstruction sous les ordres de Xabi Alonso mais à part le FC Barcelone, également incarné par une jeunesse dorée dans le sillage de Lamine Yamal et Pedri, aucun club en Europe n'affiche le même niveau d'aboutissement que Paris en termes de philosophie collective.

Après l'onde de choc provoquée sur le Vieux Continent par l'ampleur du score de la finale, il faudra attendre encore quelques succès pour se demander si le PSG de Luis Enrique tutoie le Real de Zidane, voire le Barça de Guardiola dans le jeu. Depuis 1992 et le changement de format de la C1, une seule équipe a conservé sa couronne au moins deux années de suite : le Real de Zidane, entre 2016 et 2018. Mais comme le veut la devise, il ne semble plus y avoir aucune limite à "rêver plus grand".