Ligue des champions : pour le PSG, un sacre dans la maîtrise avant la vraie fête

Une victoire étriquée 1-0 ou même aux tirs au but leur auraient suffi pour laver plus d’une décennie de déceptions et de désillusions. Les 18 000 supporters parisiens venus à Munich et tous ceux restés devant leur écran, samedi 31 mai, ont eu droit à beaucoup plus que cela. Tout en remportant enfin la Ligue des champions, leur équipe a infligé à l’Inter la plus lourde défaite de l’histoire pour un finaliste (5-0). C’est comme s’ils avaient obtenu en une soirée compensations pour toutes "les années de galères et de combats", comme le répète un chant très souvent entonné par le Virage Auteuil.

"C’est un rêve devenu réalité", a sobrement réagi le héros du soir, Désiré Doué, "sur un nuage". Le prodige de 19 ans a retiré son maillot sur l'un de ses deux buts pour bomber le torse devant près de 70 000 spectateurs. Cet acte est peut-être le seul un brin inconsidéré de la soirée, alors qu’il a gratifié le public de gestes totalement fous sur le pré, dont une passe en roulette sur le côté pour Ousmane Dembélé.

La liesse attendra la parade à Paris

Un paradoxe réside dans cette soirée irrationnelle par le score, mais surtout maîtrisée par un PSG extrêmement sérieux sur le terrain, appliquant le même projet de jeu rigoureusement. Un sérieux qui transpire jusque dans les réactions médiatiques des protagonistes, tout en tenue, sans vagues.

De leur côté, les supporters ont envahi une partie de la pelouse. DJ Snake, Teddy Riner, Malik Bentalha et Khabib Nurmagomedov ont interrompu le malheureux Denzel Dumfries en zone mixte en criant "Allez Paris". Mais les joueurs et le staff ont gardé une communication mesurée, voire verrouillée. Fabian Ruiz et Joao Neves sont passés en zone mixte, en donnant l'impression de répéter une leçon bien apprise et sans fioritures.

Les Parisiens n'ont pas vraiment fendu l'armure. Ils ont gardé leur joie pour eux, restant pendant presque deux heures sur la pelouse de l'Allianz Arena. Rares ont été les facéties captées par les caméras. Ici, une plaisanterie d’Ousmane Dembélé : "Lundi, Didier Deschamps va nous revoir (pour la demi-finale de Ligue des nations)... mais en chaises roulantes". Là, un coup de pied chambreur de Vitinha sur un Senny Mayulu en pleine interview.

Encore un trophée à aller chercher ?

On retiendra surtout les larmes qui ont coulé sur les joues du capitaine Marquinhos. "J’ai souffert avec cette équipe, j’ai grandi aussi avec elle. Je pense à tous les joueurs qui sont passés ici : Thiago, Lucas Moura, Zlatan, Cavani, Di Maria, autant de joueurs qui méritaient aussi de la gagner. C’est le plus beau jour de ma vie sportive", a pu laisser sortir, à chaud, le Brésilien au micro de M6.

Si, pour lui, ce sacre est un aboutissement à 31 ans après 12 ans au club, le reste de ce groupe a de belles années devant lui. La plupart des joueurs ont un contrat longue durée. Le sérieux étalé samedi soir est la recette gagnante et elle demande de l'entretien. "Il faut toujours se remettre en question. Il reste encore de grandes chances à aller chercher pour ce club", a appuyé Doué en conférence de presse.

Cet état d’esprit est le fruit d’un travail de fond impulsé par Luis Enrique depuis son arrivée à l’été 2023. Le coach espagnol a passé un coup de balai, puis monté un nouveau projet de zéro après s'en être vu confier les clés. Il a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué : créer une équipe avec une identité de jeu et une force collective.

Pour cette dernière, la saison n'est pas encore terminée. Avec le Mondial des clubs, en juin, une nouvelle compétition internationale se profile, avec déjà la perspective de transformer le quadruplé en quintuplé (Ligue 1, Ligue des champions, Coupe de France, Trophée des champions).