REPORTAGE. "On a été bombardé par un drone" : en Cisjordanie, les réfugiés de Jénine décrivent une "situation dramatique" lors des opérations de l'armée israélienne

L'agence des Nations unies pour les territoires palestiniens (Unrwa) a averti mardi 4 février que le camp de réfugiés de Jénine "se dirige vers une catastrophe". L'opération "Mur de fer", lancée il y a deux semaines sur tout le nord de la Cisjordanie occupée, a pris une nouvelle dimension dimanche. L'armée israélienne s'est déployée sur le camp de réfugiés de Jénine, bastion des groupes armés palestiniens, et a détruit une vingtaine d'immeubles dans le courant de l'après-midi. Près de 20 000 ont dû quitter le camp qui jouxte la ville, au nord-est de Tulkarem, en Cisjordanie.

Comme son nom ne l'indique pas, le camp est un quartier avec des maisons et des immeubles. Parmi les évacués, on croise Mohammad Abouledja, 65 ans. Trois de ses maisons ont été détruites. Il est actuellement hébergé chez sa fille en ville, et décrit une "situation dramatique" dans le camp de réfugiés.

"Mardi soir, on a été bombardés par un drone. Un voisin qui voulait rentrer chez lui pour vérifier l'état de sa maison a été tué par un sniper de l'armée israélienne."

Mohammad Abouledja, réfugié à Jénine

à franceinfo

Les drones, que personne n'entend mais qui se voient, tournent en effet en permanence dans le ciel. "Il y en a qui bombardent, d'autres qui font de la surveillance et enfin ceux qui envoient des messages aux habitants, relate le sexagénaire. L'autre jour, c'est par un drone que j'ai reçu ce message pour me dire que j'avais quelques heures pour quitter ma maison, et que, si je restais, c'était à mes risques et périls".

La terre tremble sous les bombardements

Au-delà des snipers et des drones, les bombardements sont plus massifs, comme celui de dimanche, authentifié et diffusé sur les réseaux sociaux. Les habitants de Jénine sentent la terre trembler. "On ressent vraiment plus l'intensité ces derniers jours, confirme Oula. On nous a d'ailleurs demandé d'ouvrir les portes et les fenêtres à cause du souffle de l'explosion. C’est tellement fort". Sa petite fille de 12 ans vient de sortir de l'hôpital, où elle a été prise en charge après un stress post-traumatique qui lui a paralysé une partie des membres. La fillette ne peut plus sortir de chez elle et ne souhaite pas s’exprimer, ce que l'on comprend aisément. 

Certains enfants évacués du camp sont désormais dans un centre à la périphérie de la ville. Ellah, 6 ans, raconte ce qu'elle a vu. Elle explique que "les soldats israéliens sont entrés chez elle, ont pris ses vêtements, ceux de sa mère et ont tout cassé". Ellah aimerait évidemment rentrer chez elle, mais les autorités israéliennes ont d’ores et déjà indiqué que "Tsahal maintiendra une présence à Jénine après les opérations en cours". L'armée a affirmé avoir tué plus de 50 combattants palestiniens dans ce territoire depuis le 14 janvier.