REPORTAGE. "Ils ont commencé à arrêter des enfants" : dans les camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, l'armée israélienne multiplie les arrestations
La France est très préoccupée par l'"accroissement des tensions sécuritaires" en Cisjordanie. C'est la déclaration du ministère des Affaires étrangères, mercredi 22 janvier. La ville de Jénine, et son camp de réfugiés, au nord de la Cisjordanie, sont visés, depuis mardi, par l’opération israélienne "Mur de fer", lancée juste après le début de la trêve à Gaza entre Israël et le Hamas. Les arrestations de Palestiniens se multiplient et la situation est extrêmement tendue notamment au nord de Ramallah dans le camp palestinien de Jalazone.
Près de 10 000 personnes s'entassent dans le camp surplombé par la colonie israélienne de Beit El, fondée par des ultranationalistes. Ici, les affrontements entre les Palestiniens et l’armée israélienne sont fréquents. Sur la place centrale du camp, devant un monument consacré aux martyrs, Ibrahim se tient debout grâce des béquilles : "Un sniper m’a tiré dessus alors que je rentrais chez moi."
"Nous n'avons pas de terroristes ici"
La balle a traversé sa cuisse. C’était le 27 décembre dernier mais la toute dernière incursion israélienne remonte à la nuit de mardi à mercredi 22 janvier, à 3 heures du matin : "Ça arrive parfois, les incursions dans le camp… Dans la nuit de mardi à mercredi, ils sont entrés chez la journaliste Rola Hassanine, qui a été libérée dimanche dernier. Ils ont détruit sa maison et ils ont chié à l’intérieur ! Mais la journaliste avait déjà fui…"
Un hidjab noir encadrant son visage, Houdan, 17 ans, explique que des proches de la journaliste, sa famille, ses voisins, de parfois seulement 15 ans ou 16 ans, ont été brièvement arrêtés : "Il n’y a plus de jeunes ici. Donc maintenant, ils ont commencé à arrêter des enfants. Ils voudraient arrêter tout le monde."

Derrière le comptoir de sa boucherie, Omar s’affaire pour découper un morceau de viande. Les tensions depuis la trêve à Gaza et la libération de 90 prisonniers palestiniens, il les sent et il aimerait que ça s’arrête : "Mais nous n’avons pas de terroristes ici ! Les gens qui vivent sous l’occupation ont le droit de se défendre. Et cette résistance est légale, nous avons le droit de nous battre."
"Que les Israéliens partent ! Nous aurons notre Etat et vous verrez, nous vivrons en paix."
Omar, Palestinien de Cisjordanieà franceinfo
Omar dit attendre avec impatience les prochaines semaines : plusieurs centaines de prisonniers palestiniens doivent être libérées, dont de nombreux habitants de Jalazone.