REPORTAGE. "J'essaye de sauver ce que je peux sauver" : nouvelle saison catastrophique pour les apiculteurs français

Les apiculteurs souffrent cette année, après un printemps et un début d’été pluvieux et pas assez chaud, les récoltes de miel sont au plus bas. Près de Saint-Quentin-en-Yvelines, franceinfo a rencontré Amor Kaabia, apiculteur depuis 25 ans. Il a 250 ruches et a été particulièrement frappé par la météo pluvieuse du printemps. C’est la pire récolte qu’il n’a jamais connue.

Devant ses ruches, Amor compte ses pertes après les fortes pluies du printemps : "Là-bas, j'avais une ruche où la moitié (des abeilles) étaient mortes de faim. Ici, il y a deux ruches, pareil, qui sont parties. Ça fait des tapis d'abeilles, ça fait mal au cœur." Des abeilles qui meurent de faim au printemps, au moment de la pollinisation, l’apiculteur n’avait jamais vu ça : "Les abeilles ne sortaient pas parce qu'il faisait mauvais, avec des nuages. Certains jours, il faisait huit degrés la journée, on n'a jamais eu ça. Ça fait 15 ans que je suis en France je n'avais jamais vu une année pareille."

"Trouver un autre métier pour vivre"

Conséquence : une récolte catastrophique, avec trois fois moins de miel que l’année dernière. Et déjà l’apiculteur essaye de sauver la prochaine saison. "J'essaye de sauver ce que je peux sauver, raconte-t-il. On cherche de nouveaux emplacements un peu plus ensoleillés pour profiter de la chaleur au maximum." Aujourd’hui, Amor ne peut même plus se verser de salaire : "Ça fait quelques mois que je travaille douze heures par jour. Parfois je déplace les abeilles la nuit, je fais la récolte le jour et l'après-midi l'extraction du miel pour sauver mon cheptel, pour continuer à être apiculteur. Parce que si ça continue comme ça, peut-être qu'un jour je vais me trouver un autre métier pour vivre." Pour tenir, Amor a dû augmenter ses prix de 10% mais ça ne suffit pas pour compenser les pertes.