Européennes : «Plus Macron parle, plus il mobilise pour notre liste», affirme Marine Le Pen, à la veille de l'interview du président
Paradoxalement, Marine Le Pen n’est pas la plus sévère avec Emmanuel Macron. Invitée de BFMTV mercredi soir, à la veille de l’interview du président dans les journaux télévisés de TF1 et de France 2 sur les questions internationales, la chef de file des députés RN a considéré que le chef de l’État «se sert des commémorations (des 80 ans du débarquement en Normandie, NDLR) pour se faire inviter aux “20 heures”, à quelques heures de la fin de la campagne» des européennes. S’appuyant sur la décision de l’Arcom, qui «a fait la même analyse que la (sienne)», elle a jugé que le régulateur de l'audiovisuel a «d’ores et déjà indiqué que ce temps de parole serait déduit du temps de parole de la candidate.»
Saisie par les oppositions, notamment Les Républicains et La France Insoumise, l’ex-CSA n’avait pas fait l’objet de la même procédure de la part du RN. Pourquoi ? «Plus Emmanuel Macron parle et plus il mobilise pour notre liste», a analysé la triple candidate à l’élection présidentielle. Dans la dernière étude «rolling» Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, la liste menée par Jordan Bardella caracole en tête avec 33% d’intentions de vote, dix-huit points devant celle de la majorité, stable à 15%. À trois jours seulement des européennes, Marine Le Pen «espère qu'il n'abusera pas de ce temps de parole qui lui est accordé ès qualités de président de la République.» Qu’il n’ira pas, en d’autres termes, sur un terrain plus politique qu’institutionnel.
«Le gouvernement fait feu de tout bois»
Accusant un lourd retard dans les enquêtes d’opinion, «le gouvernement fait feu de tout bois», a raillé la députée du Pas-de-Calais. Et de poursuivre sa charge à l’égard de l’exécutif, dont la liste pourrait subir un vote sanction le 9 juin : «Si le président de la République veut prendre la parole le soir des commémorations, c'est probablement pour parler d'autre chose que des commémorations et notamment de l'élection européenne.»
Voilà pourquoi l’ancienne patronne du RN «aurait préféré qu'il s'abstienne de (les) évoquer, si tant est qu'il le fasse.» «Les commémorations, c'est vraiment un moment de l'union nationale, où tout le pays commémore ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie. (...) Et c'est le moment aussi où on se souvient du prix de la liberté, du prix de la souveraineté et de la valeur de ce que c'est qu'être un peuple un peu plus libre», a persiflé la responsable nationaliste.
Quelques heures plus tôt sur Sud Radio, Marine Le Pen avait déjà dénoncé «une volonté de manipulation de l'opinion» du président de la République à la suite de l’invitation de Volodymyr Zelensky à parler vendredi devant l'Assemblée nationale. «Il est toujours le bienvenu, mais (c’est) quelques heures avant la fin de la campagne. (...) On lui a demandé au dernier moment de venir intervenir dans ce but», a-t-elle pourfendu. Avant d’accuser Emmanuel Macron d’«instrumentaliser le conflit en Ukraine.»