Le Haut conseil pour le climat appelle à « relancer l’action climatique en France » dans son dernier rapport

Pour qui suit les aléas politiques en matière de réglementation environnementale, le constat n’est pas surprenant : « le pilotage de l’action climatique s’affaiblit », alors que « les impacts du changement climatique s’aggravent ». Le 7e rapport du Haut conseil pour le climat sur l’action publique de la France en la matière, que l’institution a pour mission d’évaluer, fait état ce jeudi 3 juillet d’un bilan peu reluisant, au sortir d’un épisode de canicule intense.

« Nous sommes inquiets », confie Jean-François Soussana, président du Haut conseil pour le climat, lors de la présentation du rapport. En termes de rythme de la décarbonation, « le cadre de l’action publique a pris un retard important », indique-t-il encore. La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), documents cadres qui fixent les trajectoires, se font toujours attendre. Ce qui, selon le Haut conseil, engendre un manque de lisibilité et des difficultés pour les acteurs concernés à engager des actions.

L’action climatique au point mort

Les enjeux climatiques sont aujourd’hui « évidents, plus réels et tangibles », selon Sophie Dubuisson-Quellier, directrice de recherche en sociologie au CNRS et membre du Haut conseil pour le climat, et représentent une réelle préoccupation pour les citoyens. Mais ces enjeux sont « instrumentalisés dans le débat politique », dans une société aujourd’hui « extrêmement polarisée », déplore-t-elle.

D’autant que sur le territoire métropolitain, « le réchauffement observé atteint 2,2 °C en 2015-2024 » par rapport à l’ère préindustrielle, rappelle l’institution. L’Union européenne et la France en particulier se réchauffent plus vite que le reste du globe. « Nous avons des besoins d’adaptation croissants », souligne Jean-François Soussana, qui insiste : « il ne peut y avoir de transition si elle n’est pas pour tous. » D’autant que les mesures existantes en termes d’adaptation, notamment dans le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), sont selon le rapport « encore en décalage par rapport aux vulnérabilités et aux besoins ».

L’institution « appelle à relancer l’action climatique en France ». Manière de dire, en creux, qu’elle se trouve au point mort. Un constat inquiétant, dans un contexte géopolitique difficile. Car même si le Haut conseil n’œuvre qu’à l’échelle nationale, le contexte international et la guerre climatosceptique de l’administration Trump aux États-Unis est dans tous les esprits. Jean-François Soussana espère « un sursaut au niveau mondial » pour cet enjeu majeur qui dépasse les frontières.

La sortie des énergies fossiles est cruciale

La France n’est pas exemplaire. Entre 2022 et 2023, les émissions nationales de gaz à effet de serre brutes avaient baissé de 6,7 %. Mais en 2024, la décroissance freine, n’atteignant que de 1,8 % par rapport à 2023. Et, stipule le rapport du Haut conseil, une grande partie de cette baisse s’explique par des facteurs conjoncturels, liés au secteur nucléaire, à un hiver doux, et à la diminution de l’élevage en raison de difficultés socio-économiques. Le troisième budget carbone du pays – la quantité de gaz à effet de serre que peut émettre la France pour la prochaine période – sera donc « plus difficile à atteindre », précise Jean-François Soussana, et les objectifs à horizon 2030 risquent fort d’en pâtir.

Les combustibles fossiles représentent les deux tiers des émissions de la France. Pour les baisser, la sortie des énergies fossiles est donc cruciale. Mais là encore, l’action publique est à la traîne. Alors que les transports comptent pour 34 % des émissions nationales, « il nous manque un plan sur la mobilité longue distance », atteste Jean-François Soussana. Pour atteindre les objectifs à horizon 2030 du projet de Stratégie nationale bas carbone, il faudrait, selon le rapport, que la baisse des émissions soit en moyenne quatre fois plus forte que celle observée entre 2023 et 2024.

Si rien n’est fait, le nombre de jours de canicule par an pourrait se voir multiplié par trois d’ici 2030, par cinq d’ici 2050, et par dix d’ici 2100 – l’équivalent de plus de deux mois par an – par rapport à la période 1976-2005. Ce rapport signe un nouveau rappel de l’urgence climatique, en cette année anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat et à quelques mois de la COP30 à Belém, au Brésil.

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