Gaza : ce que l’on sait de la frappe meurtrière israélienne sur un camp près de Rafah

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Une frappe aérienne israélienne a visé, dimanche 27 mai, un camp de déplacés situé dans le quartier de Tal al-Sultan, dans le nord-ouest de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et fait de nombreuses victimes - au moins 40 personnes tuées et 65 blessées, selon le dernier bilan communiqué par la Défense civile palestinienne.

Des images relayées dans la nuit sur les réseaux sociaux montrent des lieux dévastés, des tentes en proie aux flammes ainsi que des cadavres d’adultes et d’enfants déchiquetés et calcinés.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué dans la nuit que ses ambulances avaient transporté "un grand nombre" de personnes tuées ou blessées lors de l'attaque.

"Les équipes d'ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien transportent un grand nombre de martyrs et de blessés après que l'occupation (Israël) a ciblé les tentes des personnes déplacées près du siège des Nations unies, au nord-ouest de Rafah", a déclaré le Croissant-Rouge sur X.

L’ONG a précisé que "ce lieu avait été désigné par l’occupation israélienne comme une zone humanitaire".

Des centaines de milliers de civils fuyant les combats entre le Hamas et l’armée israélienne dans la bande de Gaza s’étaient réfugiés dans cette zone.

L'agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) a qualifié, lundi, d'"horribles" les informations sur des attaques contre des familles à Rafah.

"Des rapports font état de nombreuses victimes, dont des enfants et des femmes. Gaza est un enfer sur terre. Les images de la nuit dernière en témoignent une fois de plus", a écrit l'organisation sur X.

 

  • Les Palestiniens accusent Israël d'un "massacre"

"Cet atroce massacre perpétré par les forces d'occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales", a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d'avoir "délibérément visé" le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l'Unrwa, au nord-ouest de Rafah.

"Les images de personnes brûlées, y compris des enfants, après les bombardements israéliens sur les tentes à Rafah sont insoutenables", a écrit sur X Majed Bamya, observateur permanent adjoint de l'État de Palestine auprès des Nations unies.

Quant au Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, il a appelé les Palestiniens, "en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l'étranger à se lever et à marcher avec colère" après le "massacre" commis par l'armée israélienne.

  • Une frappe "contre des cibles légitimes", selon l’armée israélienne

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué qu'un de ses avions avait "frappé un complexe du Hamas à Rafah dans lequel opéraient d'importants terroristes", dont deux responsables du mouvement palestinien en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar.

Yacine Rabia "supervisait toutes les activités terroristes du Hamas en Judée et Samarie [nom donné par Israël à la Cisjordanie occupée], envoyait des fonds à des cibles terroristes et organisait des attaques du Hamas dans toute la région", affirme l’armée dans un communiqué. Khaled Nagar, lui, "transférait des fonds destinés aux activités terroristes du Hamas à Gaza et a également mené plusieurs attaques terroristes au cours desquelles des soldats de Tsahal ont été tués".

"La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, grâce à l'utilisation de munitions précises et sur la base de renseignements précis", a-t-elle également indiqué. Elle a en outre ajouté "avoir connaissance d'informations selon lesquelles plusieurs civils dans la zone ont été blessés", et indiqué que "l'incident est en cours d'examen".

L’avocate de l'armée israélienne, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi, a qualifié, lundi, de "très grave" la frappe aérienne sur Rafah.

"Les détails de l'incident font toujours l'objet d'une enquête, que nous sommes déterminés à mener dans toute la mesure du possible", a-t-elle déclaré lors d'une conférence organisée par l'Association du barreau israélien.

"L'IDF (les forces de défense israéliennes) regrette que des non-combattants aient été blessés pendant la guerre".

Quelques heures avant la frappe, le Hamas a déclaré avoir ciblé Tel-Aviv, où les sirènes ont retenti pour la première fois en quatre mois, "avec un important barrage de roquettes en réponse aux massacres sionistes contre les civils".

Une annonce confirmée par l’armée israélienne qui a indiqué que huit roquettes, tirées depuis Rafah, ont déclenché des sirènes d’alerte à Tel-Aviv et dans le centre d’Israël pour la première fois depuis des mois.

Israël affirme ne pas avoir d'autre choix que d'attaquer Rafah pour déloger les derniers bataillons de combattants du Hamas qui, selon l'État hébreu, s'y abritent. Depuis le début du mois de mai, les troupes israéliennes progressent lentement dans la périphérie est de Rafah.

  • Condamnations internationales

Cette frappe intervient dans un contexte de pressions internationales accrues contre le gouvernement israélien, après une décision, vendredi, de de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à l’État hébreu de suspendre ses opérations dans ce secteur essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire.

Le Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas, a ainsi estimé que les frappes à Rafah pourraient "entraver" les pourparlers de trêve à Gaza.

L’émirat gazier s'inquiète du fait que 'les bombardements vont compliquer les efforts de médiation en cours et entraver les efforts visant à parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat et durable dans la bande de Gaza", a affirmé le ministère qatari des Affaires Étrangères dans un communiqué.

L'Égypte a condamné, lundi, un "bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés" à Rafah.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a déploré, dans un communiqué, un "évènement tragique" et dénoncé un "ciblage des civils sans défense" et "une politique systématique visant à élargir le spectre de la mort et des destructions dans la bande de Gaza pour la rendre invivable".

"Hier, une soi-disant 'zone de sécurité' à l'extérieur de Rafah a été bombardée par Israël, tuant des dizaines de femmes et d'enfants", a dénoncé le Premier ministre belge Alexander De Croo sur X. "Nous avons besoin de toute urgence de partenaires prêts à s'asseoir autour d'une table pour discuter de la paix", a-t-il ajouté.

La diplomatie jordanienne a également condamné le bombardement survenu dimanche soir, y voyant un "acte de défi face aux arrêts de la Cour internationale de justice" et une "violation sévère" du droit international.

"Ces actions sont des crimes de guerre que la communauté internationale doit confronter, afin de s'assurer que les responsables répondent de leurs actes", a précisé dans un communiqué le porte-parole du ministère jordanien des Affaires étrangères, Sufian Qudah.

L' Arabie saoudite a elle aussi condamné  "dans les termes les plus fermes la poursuite des massacres" à Rafah.

Le royaume exprime "son rejet catégorique des violations flagrantes et continues par les forces d'occupation israéliennes de toutes les résolutions, lois et règles internationales", a indiqué le ministère saoudien des Affaires Étrangères en appelant la communauté internationale "à intervenir immédiatement".

Autre pays du Golfe, le Koweït a dénoncé des "crimes de guerre flagrants".

Des voix se sont également élevées en Israël pour dénoncer la frappe meurtrière, comme celle du  député communiste Ofer Cassif. "Massacre de Rafah. Les criminels génocidaires de Gaza devant le juge", a-t-il écrit sur X.

Avec AFP et Reuters

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