Erik Tegnér, le patron de Frontières (ex-Livre Noir), visé par une plainte pour « agression sexuelle » et « violences »

Il a ressorti la carte de la « procédure bâillon », comme lorsqu’il se plaignait d’être la cible d’un « harcèlement judiciaire quasi quotidien » de l’extrême gauche. Erik Tegnér, patron du magazine d’extrême droite Frontières (ex-Livre noir) va pourtant devoir faire face à la justice. Selon les informations du média spécialisé la Lettre, l’ancien membre des Républicains (LR) – dont il a été éjecté en 2019 pour ses accointances avec l’extrême droite – et proche du Rassemblement national (RN) est accusé de « harcèlement moral », « d’agression sexuelle » et de « violences » par une ancienne membre de sa rédaction.

La victime présumée a rejoint le magazine identitaire et proche de l’idéologie extrémiste d’Éric Zemmour en tant qu’alternante, puis s’est imposée comme « l’une des figures de la rédaction » grâce à la publication d’une enquête, rapporte la Lettre. Celui qui cumule les titres de président fondateur, directeur de la publication et directeur de la rédaction louait alors sa « rigueur » et son « travail exemplaire ».

Des « attaques verbales suivies de menace »

Son comportement dénoncé comme toxique par d’anciens membres de Frontières – comme l’avait dévoilé Libération en septembre 2023 – a pourtant poussé la journaliste a porté l’affaire en justice lundi 3 février, huit mois après avoir quitté ses fonctions. Elle dénonce ainsi, auprès de la Lettre, « une pression constante, laquelle se réalisait par l’envoi de très nombreux messages, de jour comme de nuit et le week-end », une « dévalorisation générale » et des « attaques verbales suivies de menace ». De quoi rappeler les accusations qui visent le militant d’extrême droite, comme l’avait résumé une ancienne membre de la rédaction dans l’enquête publiée par Libération : « Au début, quand il a besoin de vous, il est adorable. Mais, ensuite, c’est un salaud qui traite les gens comme des merdes, il les épuise. »

Elle a surtout accusé le proche de Marion Maréchal de « trois faits d’agression sexuelle ». Erik Tegnér – qui reste présumé innocent – aurait imposé des « caresses sur les pieds » de son employée, entre le 20 et le 27 mai 2024. Des attouchements non consentis qui se seraient déroulés lors d’un déplacement en Afrique du Sud, dans le cadre d’une série de reportages. « Elle accuse Erik Tegnér de l’avoir d’abord rejointe en pleine nuit sur le canapé-lit, dans lequel elle était en train de dormir, dans un logement loué dans la banlieue de Pretoria, rapporte la Lettre. Son employeur d’alors aurait commencé à lui caresser les pieds avec sa main, comme forme d’avances, poussant la journaliste, très mal à l’aise, à se lever. »

Un sérieux passif en matière de violences morales

Ce dernier serait revenu à la charge malgré tout, réitérant les mêmes gestes à deux reprises, le soir du 27 mai, lorsqu’ils se trouvaient à Orania en Afrique du Sud, une ville peuplée exclusivement d’Afrikaners blancs. « La plaignante, défendue par l’avocat Nicolas Brillatz, souligne que ces trois épisodes sont intervenus alors que le patron de Frontières se serait permis, moins d’un mois auparavant, une “allusion sexuelle” », résume la plainte consultée par le média d’investigation.

Erik Tegnér aurait aussi fait remarquer « qu’elle avait laissé un sous-vêtement dans l’appartement parisien mis à sa disposition pour sa sécurité après la parution de son enquête en infiltration, et “sous-entendant alors graveleusement qu’il s’agissait d’une avance” ».

Interrogé par la Lettre, le fondateur de Frontières – ami de longue date de la conseillère et compagne d’Éric Zemmour, Sarah Knafo – s’est affirmé « abasourdi » par des accusations qu’il juge « folles et totalement fausses ». Il a aussi précisé avoir « pleinement confiance » en la justice pour « faire triompher la vérité ». Loin d’être un cas isolé, la plainte de l’ex-journaliste du magazine d’extrême droite est appuyée par cinq attestations de témoins.

Trois anciens collaborateurs de Frontières y accusent Erik Tegnér de menacer « régulièrement ses employés de (les) virer sans raison, de ne pas (les) payer », et pointent du doigt ses « comportements tyranniques » et son « alcoolisation fréquente ».

Les deux autres témoins – les anciens associés du fondateur de Livre Noir, François de Voyer et Swann Polydor – l’accusent d’« abus de bien social » et d’« abus de pouvoir », depuis septembre 2023. Les accusations, comme les départs au sein de son équipe, se multiplient donc pour celui qui se rêve en patron de la « référence sur l’immigration ».

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