Vente d’alcool aux mineurs : 9 supermarchés sur 10 enfreignent la loi

Se procurer de l’alcool quand on est mineur reste chose aisée en France. Dans son rapport « L’alcool en accès libre pour les ados : Quels leviers pour agir ? », Addictions France montre qu’en 2025, 86 % des enseignes vendaient de l’alcool à des mineurs, contre 93 % en 2021. Des chaînes de la grande et petite distribution telles qu’Auchan, Carrefour, Leclerc, Lidl ou encore Intermarché sont concernées.

Cette tendance s’applique aussi aux ventes effectuées dans les bars, cafés et restaurants rapides : en mai 2025, seulement 8 % des débits de boissons demandent systématiquement une pièce d’identité. En 2023, sur 42 établissements testés par l’association, 41 avaient vendu de l’alcool à des mineurs. En outre, les établissements ne respectent pas l’obligation d’affichage concernant l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs. Alors que la loi française l’interdit. Si une légère amélioration est observée, les chiffres révèlent un problème persistant.

Aujourd’hui, la vente d’alcool à un mineur est un délit passible d’une amende de 7 500 euros. Suite aux observations menées en 2023-2024 par l’association, 37 procédures judiciaires ont été ouvertes. Les premières procédures seront plaidées en décembre 2025. Un délai de deux ans qui « renforce un sentiment d’impunité et banalise la transgression de la loi », déplore l’association.

Insuffisance des contrôles

Le rapport pointe les manquements du public en matière de formation et de contrôle. La qualité et les contenus des formations aux vendeurs – lorsqu’elles sont dispensées – ne sont pas supervisés par l’État. Une « Charte d’engagements responsables relative à la vente d’alcool » a pourtant été signée par des enseignes majeures de la grande distribution en 2018 sous l’impulsion de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Elle engage à renforcer les pratiques de prévention, notamment en matière de protection des mineurs. Force est de constater que celle-ci est insuffisante.

C’est pourquoi, Addictions France demande une action politique plus significative systématisant les opérations de contrôles et les recours aux sanctions administratives. L’association plaide aussi pour l’instauration « d’un régime de sanctions graduées en fonction du chiffre d’affaires des établissements ». Elle montre que l’amende de 7 500 euros « ne constitue pas une réelle sanction financière et manque d’effet dissuasif à l’égard des acteurs économiques les plus importants du secteur ».

Addictions France propose donc d’adapter les amendes aux chiffres d’affaires des entreprises. Pour l’association, « la priorité est d’assurer une coordination efficace entre services de police, parquets et acteurs de la prévention, et de donner les moyens aux juridictions de sanctionner les manquements ».

Alors que 55 % des Français tolèrent la consommation d’alcool par les adolescents de 15 à 17 ans, le rapport déplore des pratiques « directement entretenues, voire délibérément promues, par le lobby de l’alcool ». Packaging aux couleurs vives, prix attrayant et publicité : tout est mis en place pour pousser les adolescents à boire.

Des pratiques d’autant plus dommageables que la consommation de boissons alcoolisées à cet un jeune âge peut avoir des conséquences tragiques : accidents, maladies ou addiction.

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