Loi sur la licence IV : les macronistes veulent ouvrir plus de bars à la campagne

Vent debout, Guillaume Kasbarian renvoie méthodiquement chaque proposition d’amendement par le même argument : trop compliqué. Ce lundi soir, sur les bancs de l’Assemblée nationale, peu de députés siègent. Environ un tiers de l’effectif total.

Mais les quelques-uns présents, surtout ceux de gauche, défendent ardemment l’idée d’encadrer la proposition de loi déposée par Ensemble pour la République (EPR), le groupe macroniste. Ce texte tient en un seul article : étendre l’accès à la licence IV, qui permet de vendre pour une consommation dans un bar de l’alcool à plus de 18 degrés, dans toutes les communes de moins de 3 500 habitants.

Les socialistes réussissent à faire adopter des droits de veto

C’est une licence qu’on ne peut pas créer, seulement racheter à un établissement qui ferme. Le but annoncé est de favoriser le lien social. Comme si la question de la qualité de vie et de la lutte contre l’exode rural ne tenait qu’à la consommation d’alcool fort, alors que la Macronie passe son temps depuis 2017 à affaiblir les services publics, de l’école aux transports en passant par les hôpitaux…

Mais le texte, en lui-même, a reçu l’assentiment d’une majorité de députés, qui ont toutefois souhaité mettre des garde-fous. Les socialistes ont réussi à faire adopter un droit de veto du maire, concernant l’attribution de la licence IV dans sa commune, puis un autre veto sur la cession de cette même licence, puissamment appuyés par le communiste André Chassaigne qui, bien remonté, a rappelé ses 32 ans de mairie à Saint-Amant-Roche-Savine (Puy-de-Dôme) et, qui s’est opposé à un Guillaume Kasbarian, sourd à tout argument pour modifier sa loi, en lui lançant gentiment qu’il avait des « crampes au cerveau ».

Les élus Modem ont pour leur part fait supprimer l’idée qu’il ne puisse y avoir qu’une seule licence IV par commune de moins de 3 500 habitants, car, comme le souligne Erwan Balanant, député de Bretagne, parfois la licence en question est attribuée à « une boîte de nuit, un night-club » et empêche donc la création d’un lieu de conversation et de débat tel qu’un bar ou un café.

Hadrien Clouet, de la France insoumise, a souligné le libéralisme extrême des macronistes. « Vous êtes les Raymond Barre de la bouteille », a-t-il tonné depuis le perchoir de l’Assemblée nationale. En effet, à part le droit de véto du maire ajouté par la gauche, le texte autorise en l’état n’importe quel établissement, notamment en métropole, de racheter les licences IV dont le gouvernement veut faciliter la création dans les petites communes. En outre, l’insoumis estime que la licence 3 est largement suffisante pour approvisionner les cafés, car elle permet d’ores et déjà la vente de bière, vin et pastis et est facilement obtenable.

La gauche défend la santé des Français

Hadrien Clouet a également reproché à Guillaume Kasbarian le fait que « 6 000 médecins manquent dans nos campagnes, 62 % des communes n’ont plus de commerce et un bureau de poste ferme chaque semaine, mais vous voulez qu’on boive pour oublier votre bilan ! », lors des débats en commission des affaires sociales au moment de la présentation du projet de loi.

Plus modérés, les socialistes reconnaissent la nécessité de retisser du lien social, mais s’inquiètent des conséquences souvent néfastes de l’alcool sur la durée de vie de nos concitoyens. « Nous ne pouvons ignorer les 49 000 décès et le coût social de 102 milliards d’euros résultant chaque année de la consommation d’alcool », prévient Gérard Leseul. En séance publique, l’écologiste Marie Pochon a quant à elle souligné avec inquiétude la présence de l’alcool dans plus d’un féminicide sur deux.

Enfin, au motif que c’est le gouvernement du maréchal Pétain qui a instauré cette fameuse licence IV, le député Horizons Henri Alfandari a proposé la suppression pure et simple de toutes les licences pour libéraliser davantage l’accès au débit de boissons. Un amendement qui, évidemment, a été rejeté.

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