Russie : les députés souhaitent interdire le fitness «quadrobic», pratique «immorale» et «venue d'Occident»
La «quadrobic», une tendance fitness consistant à faire du sport en imitant des animaux, se trouve actuellement dans le collimateur de certains députés russes qui souhaitent interdire cette activité «immorale», «venue d'Occident».
Ce nouveau sport drôle et gratuit permet de combiner, selon ses jeunes adeptes qui relaient leurs vidéos sur TikTok, des éléments d'aérobic et de callisthénie, en mobilisant ses bras et ses jambes, pour tonifier l'ensemble du corps. Certains en profitent pour se déguiser en animal, arborant masques et autres costumes colorés.
«Ils se promènent comme des animaux»
Signe de l'émergence du sujet, très peu connu du grand public, au sein de l'élite dirigeante, celui-ci a été évoqué mardi par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en marge d'un sommet régional.
«Quadrobic. Les enfants se déguisent en chiens (...), ils se promènent comme des animaux», explique ainsi M. Lavrov à son homologue arménien, Ararat Mirzoïan, qui semble ne pas comprendre.
La remarque de Sergueï Lavrov peut prêter à sourire mais elle révèle une préoccupation grandissante au sein d'une partie de l'élite politique de la Russie, dont l'armée mène une offensive armée contre l'Ukraine depuis février 2022.
Le sujet avait été propulsé dans le débat public en septembre lorsque la chanteuse partisane du Kremlin Mia Boïka avait humilié publiquement une petite fille sur scène qui se disait être «un quadrobic».
«Aujourd'hui, c'est un chat, demain un chien et, après-demain, elle décidera qu'elle est devenue un garçon», a asséné la chanteuse, dénonçant «une tendance absolument étrangère à notre société».
Plusieurs députés à la Douma, la chambre basse du Parlement russe, ont eux aussi dénoncé ces derniers jours une «idéologie destructrice» «venue d'Occident» incompatible, à leurs yeux, avec les valeurs traditionnelles de la Russie.
Une loi en préparation
Le président Vladimir Poutine défend une ligne conservatrice sur les questions de société, y voyant une extension de la lutte contre les Occidentaux, décrits comme «décadents», notamment en raison de leur tolérance à l'égard des LGBT+, cible d'une répression accrue de la part des autorités russes.
Une proposition de loi est actuellement en préparation à la Douma pour «interdire» ce «problème de société», dixit la députée Iana Lantratova. Cette tendance «n'est pas aussi inoffensive qu'il n'y paraît au premier abord», juge-t-elle.
«Il s'agit d'une propagande (visant à) un retour à la barbarie, aux profondeurs du paganisme», a taclé de son côté Vakhtang Kipchidzélé, un représentant à Moscou de l'Eglise orthodoxe, qui soutient le Kremlin.