Guy Savoy très ému d’être admis à l’Académie des Beaux-Arts

Mercredi, peu après 14 heures, alors qu’il se trouvait dans la cuisine de son restaurant en train de diriger le service de midi, Guy Savoy a reçu un appel de Laurent Petitgirard. Le secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts lui a annoncé qu’il venait d’être élu au fauteuil numéro cinq de la section des membres libres, précédemment occupé par Michel David-Weill. Il participera régulièrement aux séances du mercredi après-midi, aux côtés des huit membres de ce groupe constitué d’artistes et de personnalités du monde de l’art et de la culture : Henri Loyrette, François-Bernard Michel, Marc Ladreit de LacharrièreWilliam ChristiePatrick de CarolisMuriel Mayette-HoltzAdrien Goetz, et Christophe Leribault. Pierre Dux, Marcel Marceau, Pierre Cardin et Maurice Béjart en ont jadis fait partie.

Très ému à l’annonce de cette nouvelle, Guy Savoy a immédiatement pensé à ses parents, partis depuis plusieurs années, qui sont à l’origine de son amour pour la cuisine et de sa vocation. Tout a commencé voici deux ans quand Laurent Petitgirard, un client fidèle devenu un ami, lui a glissé à l’oreille : « Tu as toutes les qualités pour intégrer notre compagnie. » Surpris, il lui a répondu qu’il était un cuisinier, pas un artiste. Il a toutefois accepté d’assister à quelques installations des nouveaux membres. Il a ainsi rencontré plusieurs Immortels qui lui ont confirmé qu’à l’inverse de ce qu’il croyait, il n’y avait pas le moindre décalage entre leurs deux univers. « Nous sommes les mêmes », lui ont-ils unanimement assuré. C’est ainsi qu’il a posé sa candidature, nullement convaincu qu’elle finirait par aboutir.

« En élisant Guy Savoy, l’Académie a non seulement salué l’un des plus éminents représentants de la cuisine française. »

Laurent Petitgirard, chef d’orchestre et secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts.

Considérant « gourmandise » comme un mot phare, conscient qu’à travers lui, c’est le monde de la gastronomie qui entre sous la Coupole, il associe à son élection, tous les représentants de cet univers, des bouchers aux vignerons en passant par les cultivateurs. « La curiosité d’esprit et le compagnonnage qu’il entretient depuis des années avec de nombreux artistes nous seront très utiles à l’accomplissement de nos missions, ajoute Laurent Petitgirard. En élisant Guy Savoy, l’Académie a non seulement salué l’un des plus éminents représentants de la cuisine française mais aussi un humaniste et passionné d’art contemporain qui contribue au rayonnement international de notre pays, ainsi que l’a démontré son engagement pour l’inscription du repas gastronomique au patrimoine immatériel de l’Unesco ». Il a en effet participé entre 2007 et 2010 au groupe de 400 chercheurs européens proposant que la typicité de la cuisine française soit reconnue et donc inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. À l’issue de réunions et d’innombrables démarches, soutenues, avec l’accord de Nicolas Sarkozy, par des conseillers de l’Élysée c’est finalement « le repas gastronomique des Français » qui, le 15 novembre 2010, a été inscrit au patrimoine Immatériel de l’humanité.  

Élu à sept reprises, par la liste, « meilleur restaurant du monde », Guy Savoy considère plus que jamais la cuisine comme un artisanat « Quand on met une âme à la beauté , cela devient de l’art, mais c’est néanmoins aux convives de juger si mes recettes et mes plats relèvent de l’art » conclut-il. Dans les mois à venir, il va sacrifier à la tradition de l’épée, de l’habit vert et du discours lors de la cérémonie officialisant son entrée sous la Coupole. Ce jour-là, ce sera le tour des Académiciens de mettre les petits plats dans les grands.

Voyage sensoriel... dans une assiette...
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