REPORTAGE. "Séparer les familles est la pire chose" : des habitants de Chicago manifestent contre les mesures anti-immigration de Donald Trump

Dans la foule qui manifeste samedi 25 janvier à Chicago contre les mesures anti-immigration de Donald Trump, Amor (Amour) a écrit sur sa pancarte : "Fille d’illégaux et fière de l’être". Elle a le visage complètement dissimulé sous une cagoule noire et elle n’est pas la seule dans le cortège, surveillé par les forces de l’ordre.

"C’est la même police qui nous traque alors c’est mieux qu’elle ne connaisse pas nos visages, qu'elle ne voit pas si on a des tatouages, explique-t-elle. Parce qu’après, qu’est-ce qu’elle va nous faire ? Un jour tes parents sont là et le lendemain tu n'as plus de contact avec eux, tu ne sais pas ce qui leur est arrivé".

Amor, "fille d'immigrée et fière de l'être", le 25 janvier 2025, lors d'une manifestation à Chicago contre les lois anti-immigration de Trump. (ISABELLE LABEYRIE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Grâce au droit du sol, que Donald Trump veut remettre en cause, Amor, née de parents mexicains sans-papiers est devenue citoyenne américaine. Mais ses parents sont toujours en situation irrégulière. "Je viens pour ma mère, parce qu'elle, elle ne peut pas être là. Une personne sans papiers ne peut plus faire ce genre de chose. Maintenant, seuls ceux qui sont nés ici, seuls ceux qui ont des papiers, peuvent s'exprimer. J’espère que ça va changer".

Un Latino-Américain sur cinq en situation irrégulière à Chicago

Sur les environ deux millions de Latino-Américains que compte Chicago, ville sanctuaire, un sur cinq est en situation irrégulière. Sarah, qui est venue avec son petit garçon, est outrée par le fait que les services de l’immigration aient désormais le droit d’entrer dans les églises et les écoles. "Séparer les familles est la pire chose que nous puissions faire, estime la travailleuse sociale, blanche et de gauche. J’ai des enfants, je suis mère, ça me brise le cœur". 

"Je suis profondément perturbée par la direction que prend mon pays, Je n'aurais jamais cru qu'on en arriverait là et je n'arrive pas à croire que la moitié d'entre nous ait choisi cette haine, cette ignorance, cette division."

Sarah, travailleuse sociale

à franceinfo

Jessica, elle, est surtout stupéfaite par la rapidité avec laquelle Donald Trump enchaîne la signature de ses décrets. "Tout va très vite, plus vite que ce que la plupart des gens avaient imaginé. Aller vite, c'est une démonstration de pouvoir, une façon de montrer qu'il nous domine, estime-t-elle. Mais aux États-Unis, le pouvoir est partagé avec le peuple. Ce n'est pas seulement une personne. Sinon, ça s'appelle une dictature".

En se séparant devant la Trump Tower et ses façades interminables, les manifestants se sont engagés à protester jusqu’à ce que Donald Trump soit contraint de revenir sur ses mesures anti-immigration.