Blocus israélien de l’aide humanitaire : « Gaza est un champ de mort et les civils sont piégés », dénonce le secrétaire général de l’ONU

Si le nombre de victimes des bombardements israéliens à Gaza s’accroît de jour en jour – avec près de 1 400 morts depuis la rupture de la trêve le 18 mars et plus de 50 000 au total -, un autre danger majeur plane sur les Palestiniens privés depuis le 2 mars de toute nouvelle aide humanitaire par un blocus décidé par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. « Depuis plus d’un mois, pas la moindre goutte d’aide n’est entrée dans Gaza. Pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, pas de biens commerciaux. Alors que l’aide se tarit, les vannes de l’horreur se sont rouvertes », a dénoncé, mardi 8 avril, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ajoutant que « Gaza est un champ de mort et les civils sont piégés dans une boucle sans fin de mort ».

« Calomnies », a dans la foulée riposté sur X le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Oren Marmorstein affirmant qu’« il n’y a pas de pénurie d’aide humanitaire dans la bande de Gaza », que « plus de 25 000 camions d’aide » sont entrés dans l’enclave palestinienne pendant le cessez-le-feu et que « le Hamas a utilisé cette aide pour reconstruire sa machine de guerre ». Une rhétorique contredite par les ONG et agences onusiennes présentes sur place qui ne cessent d’alerter sur l’épuisement des stocks et les besoins en eau non satisfaits.

L’ONU rejette la volonté de mainmise d’Israël sur l’aide humanitaire

Mais elle est si habituelle que le secrétaire général de l’ONU avait anticipé et répliqué par avance. « En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains », a-t-il déclaré s’appuyant sur les Conventions de Genève pour marteler l’obligation d’assurer la fourniture de nourriture et de matériel médical à la population. Et de constater : « Rien de cela ne se passe aujourd’hui ».

Seule réponse d’Israël face à ces atteintes au droit international, sa proposition de prendre la main sur la distribution de l’aide, avec un contrôle encore accru, y compris des bénéficiaires, par ses forces de sécurité, a également été vivement rejetée par Antonio Guterres : « Les nouveaux ”mécanismes d’autorisation” proposés par Israël pour la fourniture de l’aide menacent de contrôler et de limiter durement l’aide, jusqu’à la dernière calorie et au dernier grain de farine. » « Je dois être clair. Nous ne participerons pas à un quelconque système qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires : humanité, impartialité, indépendance et neutralité », a-t-il insisté, réclamant la garantie de l’accès « sans entrave » de l’aide.

Un peu plus tôt, ce même mardi, Emmanuel Macron, en visite en Égypte, s’est rendu à El-Arich, ville du Sinaï qui sert de nœud logistique pour l’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne et le passage par Rafah, où il a appelé « à une reprise le plus rapidement possible de l’aide humanitaire » et évoqué « des règles qui sont justement celles de l’accès indifférencié parce qu’on vient aider des femmes et des hommes, des enfants, des personnes âgées, indépendamment de ce qu’ils sont, d’où ils viennent, parce que c’est le principe même du droit international humanitaire ».

« Et donc ça ne doit pas être un instrument de la guerre, en aucun cas », a-t-il déclaré devant des journalistes, rapporte Le Monde. Reste que si le président Français a dénoncé depuis l’Égypte une « situation (qui) aujourd’hui est intenable, et (qui) n’a jamais été aussi grave », il n’a pour l’heure activé aucun des leviers à sa disposition (sanctions, reconnaissance de l’État palestinien…) pour faire pression sur le gouvernement israélien. L’avion de son premier ministre n’a d’ailleurs pas pris la peine lorsqu’il s’est rendu à Washington de contourner la France, ce qu’il a fait pour les Pays-Bas, l’Irlande ou l’Islande. C’est dire à quel point Benyamin Netanyahou redoute que la « patrie des droits de l’Homme » mette à exécution le mandat d’arrêt de la CPI qui le vise pour crimes de guerre et contre l’humanité.

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