Élections en Roumanie : l’extrême droite aux portes du pouvoir présidentiel

Le flirt avec l’extrême droite se poursuit en Roumanie. Plongé dans une crise politique, économique et sociale, le pays s’apprête à voter les 4 et 18 mai pour élire son président. En tête des sondages avec 35 % des intentions de vote, le candidat populiste George Simion capitalise sur le rejet des élites. C’est la quatrième fois en un an que les électeurs sont appelés aux urnes, après que la Cour constitutionnelle a invalidé le premier tour de la présidentielle de novembre 2024, évoquant manipulations sur TikTok et soupçons de financement illicite visant le candidat d’extrême droite Calin Georgescu. Ce dernier, arrivé alors en tête avec 23 % des voix, a dénoncé un « coup d’État », attisant la colère d’une partie des Roumains et la défiance envers les institutions. Le 9 mars, la candidature de Georgescu, surnommé « l’envoyé de Dieu » par ses partisans, est finalement rejetée par la commission électorale.

Un vent de dégagisme contre la coalition au pouvoir

Entre soulagement face à l’éviction d’un antisémite assumé et dénonciation d’une dérive antidémocratique, le climat politique reste tendu. « Il y a un vrai épuisement électoral », observe Daniel Sandu, politologue à l’université de Fribourg (Suisse). Si l’affaire Georgescu a dominé le début de campagne, les onze candidats restants abordent aussi la situation économique du pays – notamment les difficultés des paysans, confrontés à l’arrivée des produits ukrainiens en l’absence de droits de douane depuis 2022 – et la défiance envers les partis traditionnels. Car la lassitude grandit dans ce pays membre de l’Otan, où l’engagement pro-européen peine à mobiliser.

« Le vote pour l’extrême droite est une réponse au discrédit des partis en place », poursuit le politologue. La coalition formée en 2021 par le Parti social-démocrate (PSD), le Parti national libéral (PNL) et l’UDMR est régulièrement critiquée pour son inertie et ses affaires de corruption. Cette exaspération alimente aussi les discours pro-Russes, moins par sympathie envers Moscou que par opposition à l’aide à l’Ukraine et à une Europe accusée d’imposer sa « dictature agricole ».

Dans ce climat, l’extrême droite progresse. Fondée en 2019 par George Simion, l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) entre au Parlement dès 2020, avec 9 % des voix. Depuis, ses élus, rejoints par ceux de SOS Roumanie, ont dépassé les sociaux-démocrates aux législatives de décembre 2024.

George Simion, l’antisystème en tête

Avec l’exclusion de Georgescu, le plus modéré mais tout aussi ultranationaliste George Simion tente de rassembler son électorat en prenant ses distances avec ses messages antisémites et pro-Russes. Seul candidat à avoir refusé de participer au débat présidentiel sur la télévision publique, le leader d’extrême droite, admirateur de Donald Trump, se pose en figure antisystème. L’homme de 38 ans défend les valeurs traditionnelles, dans un pays influencé par une Église orthodoxe très conservatrice.

Alors qu’il doit, comme Georgescu, sa popularité aux réseaux sociaux, il n’avait en novembre obtenu que 13,87 % des voix. Désormais favori, il affrontera trois adversaires sérieux : Victor Ponta, ancien premier ministre du PSD entaché par des scandales, Crin Antonescu, figure de la coalition pro-européenne, et Nicusor Dan, maire de Bucarest et technocrate respecté. Pour cette dernière ligne droite, George Simion bénéficie en outre du soutien affiché du vice-président états-unien, J. D. Vance, dans une Roumanie au rôle stratégique, aux portes de la mer Noire.

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