Roumanie : après l’annulation de l’élection présidentielle, l’extrême droite en embuscade

Des millions d’électeurs auraient dû voter dimanche 8 décembre en Roumanie, pour départager le nationaliste pro-russe Calin Georgescu et sa rivale libérale Elena Lasconi lors du second tour de l’élection présidentielle.

Mais vendredi 6 décembre, la Cour Constitutionnelle a décidé d’annuler le premier tour du scrutin, qui avait eu lieu dimanche 24 novembre, pour cause de « multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé » le vote. Depuis, le pays est plongé dans une crise politique sans précédent.

Saluts nazis et transport d’armes

Les juges, considérant que « l’exactitude et la légalité du processus électoral » n’étaient pas garanties, ont voté à l’unanimité pour suspendre les résultats de l’élection présidentielle en cours. Cette décision découlait des accusations d’ingérence russe dans l’organisation des élections.

Selon des documents déclassifiés, des manipulations sur le réseau social TikTok auraient largement favorisé Călin Georgescu. Le candidat d’extrême droite avait créé la surprise le 24 novembre en comptabilisant 23 % des voix, éliminant le premier ministre sortant, le social-démocrate Marcel Ciolacu.

George Simion, chef du parti ultranationaliste Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), a déposé une plainte auprès de la Haute Cour de cassation et de justice pour contester la décision de la Cour constitutionnelle. Il prévoit également de saisir la Commission de Venise (un organe consultatif du Conseil de l’Europe), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et le Groupe d’États contre la corruption pour dénoncer ce qu’il qualifie de précédent dangereux. Les partis ultranationalistes et extrémistes, qui ont recueilli plus de 32 % des voix aux législatives du 1er décembre, demandent un redémarrage immédiat du processus électoral.

Dimanche 8 décembre, jour du deuxième tour si l’élection n’avait pas été annulée, Calin Georgescu avait appelé ses partisans à se déplacer aux urnes pour protester contre la décision du Conseil constitutionnel. « Je suis ici au nom de la démocratie (…). C’est juste un symbole, un moment de silence », a déclaré le candidat d’extrême droite, annonçant qu’il avait contesté l’annulation devant la justice roumaine et devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

La veille, samedi 7 décembre, sept individus avaient été placés sous contrôle judiciaire pour avoir effectué des saluts nazis lors d’une manifestation nationaliste. Dans la nuit de samedi à dimanche, un groupe d’une vingtaine de personnes a également été arrêté, alors qu’il faisait route vers Bucarest avec des armes et des dispositifs incendiaires. Parmi eux figurerait, selon le Monde, Horatiu Potra qui assure la protection rapprochée de Calin Georgescu…

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