Roumanie : privé d’élections pour avoir bénéficié d’une ingérence russe, Calin Georgescu fait appel

Le candidat d’extrême droite Calin Georgescu, favori du scrutin, s’est vu interdire de participer à la présidentielle du 4 et 18 mai prochain. Les autorités roumaines ont donc rejeté sa candidature, dimanche soir, via le Bureau électoral central (BEC) par dix voix contre quatre. Les représentants de l’Union sauvez la Roumanie (USR, libéraux) et des partis d’extrême droite – AUR, SOS et POT – ont voté en faveur de la validation de sa candidature.

Cette décision était attendue après sa convocation judiciaire le 26 février dernier et l’ouverture de poursuites pénales par le parquet de Bucarest pour « menace contre l’ordre constitutionnel, constitution d’une organisation fasciste et fausses déclarations de financement de campagne électorale ». Car Calin Georgescu n’a déclaré aucune dépense électorale pour sa campagne de décembre. En sortant de son audition avec le procureur, il avait gratifié ses partisans d’un salut fasciste.

Antivax soutenu par Musk

L’un de ses avocats a annoncé, lundi, que l’ancien haut fonctionnaire de 62 ans « a fait appel » devant la Cour constitutionnelle de son interdiction. La justification du BEC rejoint les motifs de l’annulation par la Cour constitutionnelle du premier tour de la présidentielle en décembre dernier, remporté par Calin Georgescu. Elle avait jugé que sa candidature « ne (remplissait) pas les conditions de légalité puisque le candidat, en ne respectant pas les règles de la procédure électorale, a violé l’obligation même de défendre la démocratie, qui se fonde précisément sur un suffrage juste, honnête et impartial ».

Cet antivax s’est fait connaître sur les réseaux, lors de la pandémie de Covid, en tenant un discours conspirationniste, affirmant que « la science, c’est Jésus Christ et rien d’autre ». Fervent supporter de Donald Trump, cet ultranationaliste a pu bénéficier du soutien d’Elon Musk sur le réseau social X lors de sa campagne. Le vice-président américain J. D. Vance a également appuyé sa candidature et fustigé des autorités roumaines qui ont « si peur de leur peuple qu’elles le font taire ».

Crédité à 40 % dans les sondages, Calin Georgescu s’est donc insurgé contre « un coup direct porté à la démocratie » et a affirmé : « L’Europe est désormais une dictature, la Roumanie est sous une tyrannie. » Il a appelé au calme après des affrontements violents entre ses partisans et les gendarmes, dimanche soir, devant le siège du BEC, scandant : « La seule solution est une autre révolution. »

Le parti d’extrême droite, l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) est en embuscade. « C’est un nouvel abus et la continuation du coup d’État. Ceux qui ont commis le coup d’État doivent être écorchés sur la place publique », a dénoncé leur dirigeant George Simion dans une escalade verbale. Calin Georgescu, qui a été membre d’AUR, en a été écarté après avoir défendu Corneliu Zelea Codreanu, dirigeant du mouvement fasciste de la Garde de fer dans l’entre-deux-guerres, ou encore le maréchal fasciste Ion Antonescu. L’analyste politique Radu Magdin, cité par l’AFP, juge que le rejet de la candidature de Georgescu « ouvre désormais la voie à un autre candidat » et que George Simion pourrait prendre le relais.

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