«Ceux qui disent qu'il y a un vainqueur des législatives savent bien qu'ils disent n'importe quoi», estime Bayrou

François Bayrou, chef du parti centriste français MoDem (Mouvement Démocrate) devant l'Élysée à Paris, le 23 août. Abdul Saboor / REUTERS

Le NFP ne peut se prévaloir du statut de vainqueur des législatives, estime le patron du MoDem. Celui-ci dénonce aussi la «faute de méthode» d’Emmanuel Macron qui n’aurait pas dû, selon lui, négocier avec les partis politiques avant de désigner le premier ministre.

Lucie Castets à Matignon ? Malgré la pression du NFP, Emmanuel Macron a écarté cette option au terme d’une première vague de consultations avec les chefs des partis et des groupes parlementaires. Echaudée par ce refus, la gauche refuse de poursuivre les négociations. Mais pour François Bayrou, le chef de l’État n’avait aucune obligation de la consulter. «Ceux qui disent qu'il y a un vainqueur dans cette élection savent bien qu'ils disent n'importe quoi, ça n'est pas vrai», a fustigé le patron du Mouvement démocrate (MoDem) ce mardi matin au micro de Franceinfo. 

Pour François Bayrou, l'arrivée en première position du NFP au second tour des législatives s'est faite sur le thème de l’anti-RN et donc via la réactivation du Front républicain, et non sur le programme de la gauche. «C'était des votes qui disaient : “la démocratie française ne peut pas être dominée par une majorité des extrêmes”», a-t-il souligné. «Le principal obstacle, c'est leur programme», a-t-il expliqué en écartant la question des personnes. «La fin de toute régulation de l'immigration. (…) La fin des textes qui ont été pris depuis sept ans pour renforcer sur les questions de sécurité, les moyens des forces de l'ordre. (…) On va immédiatement remettre le droit du sol intégral qui n'a jamais existé en France...», a-t-il égrené.

«C'est une faute de méthode»

Pour le patron du MoDem, Emmanuel Macron n'aurait pas dû négocier avec les partis. «C'est une faute de méthode», a-t-il affirmé. «Tout le monde – je ne m'inclus pas dans le tout le monde – s'inclut dans cette méthode des pays qui cherchent des coalitions avec un scrutin proportionnel (...). Ça n'est pas la Constitution française». Pour François Bayrou, le président doit nommer un premier ministre qui nomme un gouvernement «et ensuite l'Assemblée nationale prend ses responsabilités».

Le Maire de Pau n'a pas écarté l'idée d'aller lui-même à Matignon si Emmanuel Macron le lui proposait. «Je ne veux pas entrer dans cette discussion, a-t-il écarté. Cela voudrait dire qu'on se met dans une compétition de personnes.» François Bayrou a renouvelé son souhait d'un scrutin législatif à la proportionnelle intégrale. Un mode de scrutin qui, selon lui, «donne à chacun sa représentation et écarte la nécessité de faire des accords contre-nature». «Je pense que c'est une nécessité» et «une des clés du déblocage de la situation politique».

L'éphémère Garde des Sceaux du premier quinquennat Macron s'est ensuite fendu d'une critique de la réforme des retraites, seul sujet sur lequel il se dit prêt à discuter avec le NFP, sans non plus évoquer d'abrogation. «Je pense que la question a été mal posée ou insuffisamment posée», a-t-il souligné. «Les Français auraient dû être plus associés car il s'agit de leurs enfants et de leurs petits-enfants. (...) Mon opinion est qu'elle est améliorable.»