François Bayrou pourra-t-il tenir longtemps la pose de celui qui n’a rien su des violences physiques et sexuelles infligées aux élèves de Notre-Dame de Bétharram ? Le scandale éclabousse désormais celui dont la carrière et la vie personnelle sont reliées au destin de l’établissement catholique béarnais. Les informations du Monde et de Mediapart ne plaident pas en faveur de l’ignorance du premier ministre dans cette affaire. S’étalant sur plus d’un demi-siècle, la chronologie des faits imputés aux responsables de cette institution privée – bénéficiant de fonds publics – sise à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) croise celle des responsabilités de François Bayrou et de sa vie familiale. Son épouse y a enseigné le catéchisme à l’époque, tandis que le couple y scolarisait aussi ses enfants.
On voudrait pouvoir croire le premier ministre déclarant devant l’Assemblée n’avoir « jamais été informé de quoi que ce soit (à propos) de violences, a fortiori sexuelles » dans cet institut religieux, s’il n’était pas contredit par les faits. François Bayrou a-t-il menti à la représentation nationale ?
Contrairement à ce qu’il a affirmé aux députés, la première plainte remonte à 1996, tandis qu’il était ministre de l’Éducation nationale. Il aurait alors défendu le collège Bétharram pris dans les remous médiatiques de la plainte. Un magistrat témoigne aussi avoir évoqué avec lui une affaire de viol en 1998, quand il présidait le conseil général du département. Enfin, une lettre d’une victime adressée au maire de Pau en date de mars 2024 achève d’ébranler les plus incrédules. Son objection selon laquelle il n’y aurait pas inscrit ses enfants s’il avait su ne convainc guère.
Au-delà de l’affaire pédocriminelle, un motif récurrent retient l’attention. Les élections et les gouvernements passent, mais l’intimité des responsables publics avec l’enseignement privé demeure. Amélie Oudéa-Castéra et Gabriel Attal avec le collège parisien Stanislas ; Bayrou et Bétharram… Difficile de ne pas voir la continuité d’un choix de classe dans l’acharnement à prendre bec et ongles le parti de l’école privée.
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