"Les gens ne peuvent pas se laver les mains" : au Soudan, l'épidémie de choléra a déjà fait au moins 172 morts en une semaine
Le Soudan s'enfonce dans la crise avec le retour du choléra. Le Centre fédéral des opérations d'urgence de ce pays, déchiré par une guerre meurtrière depuis deux ans, signale une forte recrudescence de cette maladie, avec des milliers de cas évoqués et déjà des morts. Près de 172 décès liés au choléra ont été enregistrés uniquement sur la dernière semaine. Mais le bilan réel reste difficile à déterminer, car toutes les données ne remontent pas aux autorités.
L'État de Khartoum serait pour le moment le plus concerné, concentrant à lui seul 90% des nouvelles infections. Ce qui est certain, c'est que l'épidémie est une conséquence directe de la guerre qui sévit dans le pays. La destruction de certains dépôts de carburant, ainsi que le bombardement d'une importante centrale électrique sont, en partie, à l'origine de cette épidémie.
Pas d'électricité, pas d'eau
La pénurie d'électricité a notamment empêché les stations d'épurations d'eau de fonctionner normalement. Or, le manque d'hygiène favorise la propagation du choléra, avec en plus des températures extrêmes de plus de 43 degrés actuellement au Soudan. Tous les éléments sont réunis pour favoriser le pire, explique depuis Khartoum, Michel Lacharité, le responsable des urgences de Médecins sans frontières. "Concrètement, cela signifie que les gens ne peuvent pas se laver les mains. Certains vont boire de l'eau du Nil directement, sans traitement, les mesures d'hygiène pour laver la vaisselle dans les restaurants ne sont pas réunies. Toutes les conditions pour une forte transmission étaient réunies au cours des deux dernières semaines. C'est pour ça que l'on voit cette explosion de cas", explique le médecin.
Seule lueur d'espoir pour Médecins sans frontière, l'annonce de l'arrivée d'une cargaison de trois millions de doses de vaccins. Cette cargaison est attendue sur place pour ce week-end. Le temps de la réceptionner et d'organiser la campagne de vaccination, la situation pourrait s'améliorer dans les 15 jours à venir. Entrée dans sa troisième année, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déplacée 13 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU a décrit comme "la pire crise humanitaire" en cours dans le monde.