Euro 2025 : face à leur bête noire allemande, les Françaises prêtes à "renverser la tendance" pour rejoindre le dernier carré

Un France-Allemagne en guise de quart de finale de l'Euro. L'affiche, programmée samedi 19 juillet à Bâle (Suisse), en rappelle une autre jouée dix ans plus tôt, lors du Mondial au Canada. La douloureuse élimination aux tirs au but n'a été vécue que par trois des 23 Tricolores (Amel Majri, Kadidiatou Diani et Griedge Mbock) actuellement présentes en Suisse. Elles sont en revanche bien plus nombreuses à avoir connu la punition allemande (2-1) en demi-finales de l'Euro 2022. Pour autant, les joueuses de Laurent Bonadei ont bien l'intention d'effacer ces souvenirs et de tordre la réalité brutale des chiffres.

Sur les 22 face-à-face de l'histoire entre les deux nations, la France ne s'est imposée que six fois. Pire, elle ne compte aucune victoire en cinq rencontres lors d'une grande compétition (JO, Mondial, Euro) face aux octuples championnes d'Europe. La sixième sera-t-elle la bonne ? "On n'a pas de complexe d'infériorité. Elles ont leur passé, leur palmarès", a appuyé Delphine Cascarino en conférence de presse mercredi, assurant ne pas se souvenir de la liste des défaites puisqu'elle ne les a pas vécues.

"On est une autre génération, d'autres joueuses, c'est à nous de créer notre histoire et palmarès. On va tout faire pour inverser la tendance."

Delphine Cascarino, attaquante internationale

en conférence de presse

Sa coéquipière Maëlle Lakrar a, elle, choisi de se concentrer sur "le positif" en convoquant le souvenir du dernier affrontement face à l'Allemagne : la victoire en demi-finales de la Ligue des nations 2024 (2-1). "C'est une très bonne équipe, avec de très grandes joueuses. Mais on a un groupe de très bonnes qualités aussi. On va aborder ce match avec une grande détermination", assurait de son côté Clara Mateo, à l'issue du dernier match de phase de groupes face aux Pays-Bas (5-2).

Le poids d'un riche palmarès

Avec son palmarès XL (deux Coupes du monde, huit titres à l'Euro, l'or olympique en 2016 et le bronze des JO 2024 après avoir battu en petite finale les championnes du monde espagnoles), l'Allemagne est logiquement décrite par Laurent Bonadei comme "favorite", même s'il a glissé vendredi que "le rapport de forces s'est équilibré" depuis les dernières confrontations. "Elles ont de très bonnes joueuses, un bon coach [Christian Wück]. Et elles auront à cœur de se rattraper après avoir encaissé quatre buts face à la Suède", a rappelé le sélectionneur tricolore, le 13 juillet, après la qualification des Françaises en tête du groupe D. Un statut de favorites refusé par le sélectionneur allemand en conférence de presse vendredi.

En phase de poules, les Allemandes ont d'abord déroulé face à la Pologne (2-0), puis renversé le Danemark (2-1) dans un match où Christian Wück a retenu "l'esprit de combat" et "la volonté de gagner" de ses joueuses, mais elles se sont ensuite écroulées face à la Suède (défaite 4-1). Prise de vitesse par les Suédoises, la défense allemande a montré des limites, jusqu'à l'expulsion de la jeune Carlotta Wamser pour une main volontaire. La latérale droite de 21 ans remplaçait déjà la capitaine Giulia Gwinn, blessée au genou gauche face à la Pologne et forfait pour le reste du tournoi. Si bien que le staff devra trouver une nouvelle solution de rechange samedi.

Une défense allemande friable

"C'est une équipe qui a des forces offensives, notamment avec leurs deux ailières Jule Brand et Klara Bühl qui sont capables de faire des différences à tout moment et sont décisives depuis le début de la compétition", pose Camille Abily, entraîneure adjointe des féminines de Chelsea, qui fait remarquer qu'il ne faut "pas s'attendre à la même opposition que face à la Suède" puisque les Allemandes étaient réduites à 10. L'ex-internationale tricolore observe en revanche que l'arrière-garde allemande est "un petit peu plus en difficulté". 

La capitaine allemande Giulia Gwinn (à dr.) réconforte Jule Brand, après la défaite de l'Allemagne face à la Suède, le 12 juillet 2025, à Zürich (Suisse). (SEBASTIAN CHRISTOPH GOLLNOW / AFP)
La capitaine allemande Giulia Gwinn (à dr.) réconforte Jule Brand, après la défaite de l'Allemagne face à la Suède, le 12 juillet 2025, à Zürich (Suisse). (SEBASTIAN CHRISTOPH GOLLNOW / AFP)

La blessure de Giulia Gwinn, en plus d'affecter moralement l'équipe, "affaiblit les aspects défensifs". "Ils n'étaient déjà pas fournis avec de top joueuses en défense, donc ça les appauvrit en plus d'un point de vue footballistique", détaille Camille Abily. Les Françaises pourraient donc s'appuyer sur leur force offensive – 11 buts par neuf buteuses, contre cinq buts par trois Allemandes en phase de groupes – pour faire la différence. "Le sélectionneur allemand va devoir gérer l'absences de deux joueuses dans le couloir droit, peut-être modifier sa tactique alors qu'il est ancré dans un système très rôdé. Nous, on doit rester focalisées sur notre projet de jeu sans être tétanisées par l'enjeu, être conquérantes, déterminées, a appuyé Laurent Bonadei. Le pire serait de faire un non-match, d'être timorées et passer à côté."  

"Collectivement, les Allemandes sont très fortes, elles ne lâchent rien, elles font mal au bon moment. Nous, on a des sautes de concentration car on veut faire le jeu et on prend des risques."

Charlotte Lorgeré, consultante pour France Télévisions

à franceinfo: sport

Éviter de s'exposer inutilement, telle est la première mise en garde de Camille Abilly : "Il va falloir jouer sur notre attaque et à la fois garder l'équilibre, pour ne pas se découvrir et encaisser un but bête." Face à une équipe traditionnellement "athlétique" et "agressive", comme le décrit Charlotte Lorgeré, les Françaises auront fort à faire dans les oppositions directes. "L'Allemagne reste meilleure dans les duels, mais nous sommes meilleures techniquement et on court plus longtemps, plus vite. On a les forces individuelles et collectives pour gagner", assure la consultante de France Télévisions.

Reste à savoir si la confiance engrangée par les désormais 11 victoires consécutives suffira à déjouer une autre statistique implacable. Les Tricolores restent sur sept éliminations en quarts de finale lors des huit dernières compétitions majeures. L'heure d'inverser la tendance ?