Euro 2025 : "humain", "à l'écoute", "bavard"... Sélectionneur des Bleues, Laurent Bonadei place la communication au centre

"Laurent n'a pas changé par rapport au temps où il était adjoint. Il est proche de nous et à l'écoute." La vice-capitaine des Bleues Sandie Toletti l'assure du tac au tac : même en troquant son costume d'entraîneur adjoint de l'équipe de France auprès d'Hervé Renard pour prendre celui de numéro 1 depuis le 23 août 2024, Laurent Bonadei "est resté le même".

"Il est humain. Il prend le temps de parler à chacune d'entre nous de sujets différents et de nous donner de petits conseils. Il observe beaucoup. Il est très prévenant, il essaie d'être là avant même que vous en ayez besoin, décrit la gardienne Pauline Peyraud-Magnin. Ce sont des qualités rares dans le football." "Humain", le qualitatif revient systématiquement dans la bouche des joueuses et des membres du staff de l'équipe de France pour décrire l'ancien milieu de terrain de 54 ans, professionnel des années 90 à 2000.

"Ma méthodologie, c'est d'être dans la communication, la concertation, d'échanger beaucoup avec les joueuses, avouait le technicien, le 5 juin, au moment d'expliquer les non-sélections des anciennes cadres Wendy Renard, Eugénie Le Sommer ou Kenza Dali pour cet Euro. J'ai toujours répété que j'étais sensible aux relations humaines et donc c'était mon devoir effectivement de les rassurer, de leur expliquer mes choix, de leur faire comprendre le comment du pourquoi et puis après de les préparer au mieux."

Laurent Bonadei et le staff des Bleues, lors du match amical France-Brésil, à Grenoble, le 27 juin 2025. (ALEX MARTIN / AFP)
Laurent Bonadei et le staff des Bleues, lors du match amical France-Brésil, à Grenoble, le 27 juin 2025. (ALEX MARTIN / AFP)

"Il attache beaucoup d'importance au bien-être de ses joueuses. Il fait attention au moindre détail sur et en dehors du terrain", confirme Lionel Letizi, entraîneur adjoint auprès des gardiennes, qui a connu Laurent Bonadei à Nice lorsque ce dernier était entraîneur de l'équipe réserve. 

Des entretiens individuels avec chaque joueuse

Outre un sens de l'observation aiguisé, le coach natif de Marseille possède aussi une oreille attentive. À son arrivée à la tête d'une équipe de France, traumatisée par son élimination en quarts de finale des Jeux olympiques de Paris, le sélectionneur a commencé par dresser "un audit sur l'état mental des joueuses et des membres du staff". Il a ainsi mené des dizaines d'entretiens individuels pour mieux comprendre ce qui se jouait au sein du collectif. Il a aussi proposé au préparateur mental Thomas Sammut, croisé des années plus tôt à Nice, de le rejoindre.

"Il prend des informations auprès de tout le monde. Puis, il fait le tri et prend sa décision. C'est quelqu'un de calme et de juste. Ses choix sont réfléchis et expliqués. Du coup, ils ne sont pas remis en doute."

Lionel Letizi, entraîneur adjoint des gardiennes

franceinfo: sport

"Il est très bavard, rit Melvine Malard. Il prend énormément de temps à nous parler mais il n'hésite pas non plus à nous rentrer dedans." Expliciter son raisonnement importe beaucoup à Laurent Bonadei, dont les conférences de presse durent rarement moins de trente minutes. "Il aime bien parler et expliquer les choses qu'il veut mettre en place sur le terrain. Mais c'est bien car nous, on aime bien comprendre", assure Clara Mateo, qui loue la capacité d'échange du sélectionneur.

"C'est du donnant-donnant"

"Il veut avoir le retour des joueuses pour savoir comment on ressent les choses", poursuit la meilleure buteuse du championnat de France. "C'est du donnant-donnant, s'il met quelque chose en place et qu'on ne le sent pas, on peut lui dire et ajuster sans problème", confirme Melvine Malard. Pour Sakina Karchaoui, qui a connu cinq sélectionneurs depuis qu'elle a enfilé le maillot tricolore, Laurent Bonadei apporte "plus de sérénité, de calme, et d'explications". "Je pense qu'il est plus compatible avec le public féminin", estime la vice-capitaine.

A la tête de la sélection, Laurent Bonadei "apporte une philosophie de jeu nouvelle, de possession", analyse Sandie Toletti. Le coach répète qu'il attend de ses joueuses qu'elles prennent "du plaisir sur le terrain" et qu'elles "ont le droit de faire des erreurs". "Il a un petit côté visionnaire, appuie Lionel Letizi. Il va détecter le potentiel d'une fille, d'une équipe. Et il a une vision claire du chemin à prendre pour atteindre l'objectif" qu'il se fixe.

Une ascension progressive

Après avoir été entraîneur des U19 du PSG (2013-2015), puis de la réserve de l'OGC Nice (2015-2019), Laurent Bonadei s'est davantage fait connaître comme adjoint d'Hervé Renard, d'abord auprès de l'équipe masculine d'Arabie saoudite (2019-2023), puis des Bleues. Un parcours qui fait dire à Lionel Letizi que le patron des Tricolores est arrivé "prêt" pour son premier poste de numéro 1 d'une équipe principale.

Laurent Bonadei lors d'un entraînement des Bleues, le 1er juillet 2025, en Suisse. (GIAN EHRENZELLER / SIPA)
Laurent Bonadei lors d'un entraînement des Bleues, le 1er juillet 2025, en Suisse. (GIAN EHRENZELLER / SIPA)

Le spécialiste des gardiennes apprécie aussi de pouvoir lui parler sans mettre de gants. "J'ai connu des coachs, où il fallait réfléchir à ce qu'on disait parce qu'on ne savait jamais s'ils allaient se vexer. Avec lui, on est naturel. Et au quotidien, c'est vraiment agréable", glisse Lionel Letizi, amusé par "le côté méridional" de Laurent Bonadei qui le fait traîner en longueur dans ses discours. "Parfois, pour aller d'un point A à un point B, ça prend du temps... Ah ça, il les raconte bien les histoires !", pouffe-t-il.

En contrat jusqu'à la fin de l'été 2027, Laurent Bonadei aura plusieurs occasions de devenir le premier sélectionneur à garnir l'armoire à trophées des Bleues. Dès ce mois de juillet en Suisse avec l'Euro, ou encore lors de la Ligue des nations à l'automne, et enfin lors du Mondial 2027 au Brésil.