Euro 2025 : sorties invaincues de la "poule de la mort", les Françaises s'avancent en quarts en sérieuses prétendantes
"Si en décembre, au moment du tirage au sort, on m'avait dit qu'on sortirait avec neuf points en ayant marqué 11 buts en trois matchs, je n'y aurais pas cru. On a travaillé dur pour ça et je suis vraiment fier des filles." Au sortir de son troisième succès en phase de poules de l'Euro 2025, dimanche 13 juillet, Laurent Bonadei a d'abord mesuré le chemin parcouru avant de se projeter sur celui qu'il reste à parcourir. Surtout, malgré une onzième victoire de rang, le sélectionneur des Bleues a de nouveau refusé d'endosser la pancarte d'équipe favorite pour le quart de finale qui l'attend, le 19 juillet à Bâle (Suisse), face à l'Allemagne, déjà huit fois vainqueure de la compétition.
"Toutes nos adversaires vont vouloir nous faire tomber. Le but sera de leur donner du fil à retordre. On reste avec l'état d'esprit de challengers, avec beaucoup d'ambitions", a-t-il insisté en conférence de presse d'après-match dimanche. Pourtant, les Tricolores s'avancent avec de sérieux arguments à faire valoir. En Suisse, la France est sortie invaincue d'une poule annoncée comme celle de la mort, composée notamment des deux dernières vainqueures de l'Euro : l'Angleterre (5e nation mondiale) et les Pays-Bas (11e nation mondiale).
Neuf buteuses tricolores
La Norvège, la Suède et l'Espagne sont également invaincues à ce stade de la compétition, mais seules les championnes du monde en titre espagnoles se sont montrées plus efficaces dans la surface. Les Françaises ont inscrit 11 buts contre 14 pour les joueuses de la Roja. Mais si les Bleues ont légèrement moins marqué, elles sont aussi nombreuses, neuf, avec Sandy Baltimore, Delphine Cascarino, Kadidiatou Diani, Grace Geyoro, Sakina Karchaoui, Marie-Antoinette Katoto, Amel Majri, Clara Mateo, Sandie Toletti, à avoir trouvé le chemin des filets, preuve de la profondeur du banc tricolore.
Surtout, les Bleues sont visiblement en train "de passer un cap mentalement", comme l'avait confirmé Marie-Antoinette Katoto, le 6 juillet, au lendemain de la victoire face aux Anglaises. "On a grandi en tant qu'équipe. Malgré les temps faibles, on arrive à retourner les situations et à gagner les matchs difficiles même si on est mené au score. Cela prouve qu'on a amélioré beaucoup de choses collectivement et mentalement avec ce staff", a observé Delphine Cascarino, dimanche soir.
Derniers exemples en date : face aux Pays-Bas où menées 2-1, elles ont gagné 5-2, ou encore face au Brésil en match amical (3-2, alors qu'elles perdaient 2-0). "Je sens que les joueuses ont toujours ce sentiment de sérénité, de confiance et de capacité à renverser. Est-ce une qualité ? C'est toujours quand même mieux de mener au score", a commenté le sélectionneur.
Protéger davantage les filets
Côté défense, les Tricolores se sont en effet montrées moins hermétiques dans cet Euro (quatre buts encaissés) que les Espagnoles (trois) et surtout les Suédoises (un seul). Mais le sélectionneur des Bleues en tenait peu rigueur dimanche, tant il assume sa "philosophie" faite d'un jeu résolument offensif. "Je préfère gagner 5-2 que 1-0. J'essaye de trouver beaucoup de solutions sur l'aspect offensif pour permettre à mon équipe de marquer des buts. Mais je dois aussi être vigilant sur l'équilibre offensif-défensif", a développé le sélectionneur, citant en exemple la série de cinq victoires sans but encaissé entre début avril et fin juin.
"Il va falloir qu'on travaille cette semaine pour trouver ce bon équilibre entre le fait de marquer des buts et de ne pas en prendre."
Laurent Bonadei, sélectionneur des Bleuesen conférence de presse
Le sélectionneur a glissé qu'il existerait toujours "des petites choses à corriger", tout en rappelant que la perfection n'était qu'illusion. "On va travailler sur la gestion des longs ballons, notre capacité à presser, à monter le curseur d'agressivité collective."
Pour renforcer la défense, Laurent Bonadei pourrait compter de nouveau sur sa capitaine Griedge Mbock, blessée au mollet depuis le 24 juin mais qui a repris l'entraînement collectif. En vue du quart de finale, le patron de l'équipe de France n'a pas lancé sa défenseure face à des Néerlandaises âpres dans le jeu. De la même façon, il a choisi de laisser au repos la défenseure du Real Madrid Maëlle Lakrar, aux adducteurs sensibles depuis le match contre l'Angleterre.
Mbock de retour face à l'Allemagne ?
"J'ai préféré préserver encore leur intégrité physique, au détriment d'un petit peu de rythme. On a une bonne semaine pour se préparer et on aura de grosses séances mardi et mercredi", a justifié Laurent Bonadei, qui a fait entrer à nouveau dimanche les défenseures Lou Bogaert et Melween N'Dongala pour qu'elles engrangent "de l'expérience". Mais aussi pour faire souffler Alice Sombath, qui a souffert de crampes après avoir été très sollicitée depuis le début du tournoi en suppléante de Griedge Mbock.
L'inconnue réside dans la capacité des Bleues à réussir là où elles ont si souvent échoué par le passé. Depuis dix ans, elles ont perdu six des sept quarts de finale auxquels elles ont participé. Le dernier date du 3 août 2024 avec une traumatisante défaite face aux Brésiliennes aux JO de Paris. L'heure est venue d'effacer ce mauvais souvenir.