REPORTAGE. "Envoyer ses enfants aux États-Unis, c’est jouer à la roulette russe" : certains Canadiens renoncent aux voyages scolaires pour protester contre la politique américaine
Le Canada est appelé à élire un nouveau gouvernement, lundi 28 avril, et les électeurs vont devoir choisir entre le successeur de Justin Trudeau, du parti libéral, et un candidat plus populiste du parti conservateur. La guerre commerciale lancée par Donald Trump et les menaces d’annexion ont pesé sur toute la campagne. Cela a d’ailleurs pris une place importante dans le quotidien des Canadiens, à tel point que même les voyages scolaires qui se font habituellement vers le pays voisin sont sérieusement perturbés.
Dans son appartement à Montréal, Maya Cholette-Tétrault vit avec ces deux filles qui ont perdu pas mal d’argent pour protester contre la nouvelle politique américaine. Elles ont 14 et 15 ans et les deux auraient dû partir en voyage scolaire à New York à Pâques. Les filles avaient travaillé pour financer ce week-end, mais, avec leur mère, elles ont décidé de renoncer. C’est à la fois un acte politique et un geste de prudence explique la maman,"au départ, c'était 100% idéologique, car l'administration américaine promeut des valeurs complètement contraires à celles que je souhaite enseigner à mes enfants. Et envoyer nos enfants dans un pays où la sécurité est incertaine, changeante, c'est jouer à la roulette russe", explique-t-elle.
"Une décision exceptionnelle et responsable, en faveur de nos valeurs"
Une poignée d'élèves ont fait le même choix dans l’école. Mais le voyage pour les autres a quand même eu lieu. Ce qui n’est pas le cas plus au sud, près de la frontière canado-américaine dans l’école du Mont-Sacré-Cœur. L'établissement a transformé le voyage aux États-Unis en virée à Montréal. C'est une tradition historique qui fait les frais de la nouvelle politique américaine explique le directeur David Choinière : "Mis à part pendant la pandémie de Covid-19, on n'a jamais annulé de voyages donc c'est vraiment une décision exceptionnelle, qui ne se fait pas de gaieté de cœur. Mais c'est une décision responsable, en faveur de nos valeurs".
Avec ce boycott, c’est aujourd’hui une activité économique de plus qui est fragilisée. L’agence de voyages Éducatour fait 25% de son chiffre d’affaires avec les sorties des lycées aux États-Unis. Elle n’a pas enregistré d’annulation cette année, dit David Zaragoza. "On veut diversifier notre offre de produits pour l'an prochain, on est en pleine réflexion, mais ce n'est pas facile de remplacer un vol vers New York par des destinations canadiennes qui sont plus petites" concède-t-il.
Ce boycott des voyages scolaires illustre le choc ressenti au Canada après l’offensive du président américain.