"Le ciel est devenu rouge" : cet habitant décrit les bombardements entre l'Inde et le Pakistan, qui ont fait au moins 34 morts

Comment empêcher l'escalade de la violence ? L'Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés dans la nuit de mardi à mercredi 7 mai, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et huit autres côté indien. Cette flambée de violences, la plus importante entre les deux puissances nucléaires depuis vingt ans, fait suite à une attaque, le 22 avril dernier, quand des hommes armés ont abattu 26 hommes au Cachemire indien.

Les deux voisins, rivaux depuis leur partition en 1947, sont désormais en proie à une escalade militaire : les deux armées ont échangé des tirs d'artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat meurtrier.

"Le ciel est devenu rouge et quelques secondes plus tard des explosions ont retenti", témoigne ainsi un résident de Bahawalpur, dans la province du Pendjab. Contacté par téléphone tôt mercredi matin, il confie ne jamais avoir entendu d'explosions "aussi fortes" de toute sa vie : les vitres de sa maison ont été brisées par la puissance de la déflagration vers 1h du matin.

À New Delhi, beaucoup d'Indiens se réveillent avec la nouvelle de ces frappes, mais ne semblent pas vraiment surpris, tant la tension grimpait ces derniers jours.

Sites "terroristes"

Concrètement, l'armée indienne affirme avoir frappé neuf camps d'entraînement terroristes au Pakistan, dont ceux du groupe djihadiste Lashkar-e-Taiba, jugé responsable des 26 morts au Cachemire. Elle a indiqué avoir frappé depuis son espace aérien et avance le chiffre de 80 terroristes tués lors de ces attaques. Elle parle d'une "riposte ciblée et mesurée" qui ne visait pas d'autres cibles.

Le Pakistan livre pour sa part une lecture différente : Islamabad parle de frappes à trois endroits qui auraient fait des morts civiles et dénonce "une déclaration de guerre", à laquelle il entend riposter.

Au total, les missiles indiens qui se sont abattus sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs au Cachemire ont tué au moins 26 civils, dont deux fillettes de trois ans et un garçonnet de cinq ans, et en ont blessé 46 autres, selon le porte-parole de l'armée pakistanaise. Il assure également que cinq avions indiens ont été abattus dans l'espace aérien indien, dont trois Rafale français. L'Inde a pour sa part fait état de huit morts et 29 blessés, lors des tirs d'artillerie.

La crainte d'une guerre

C'est désormais le long de la frontière contestée entre les deux pays dans le Cachemire que la tension se concentre. Selon l'Inde, le Pakistan y déchaîne son artillerie, qui a déjà fait plusieurs victimes. Les populations locales fuient devant la guerre qui se dessine : c'est en effet du jamais vu au 21e siècle. En 2019, l'Inde avait bombardé le Pakistan après une attaque sur des militaires au Cachemire. Mais c'était un bombardement largement symbolique, destiné à l'opinion publique indienne, qui n'avait pas déclenché d'escalade.

Le monde entier attend désormais de voir jusqu'où cela peut mener, avec la crainte d'une guerre comme celles que l'on a vues au 20e siècle avec des centaines ou des milliers de morts. D'autant que la ferveur nationaliste et le désir de revanche montent dans les deux pays. La communauté internationale demande aux deux pays de prendre la mesure des actes et appelle à la désescalade. Tout va dépendre de la réponse du Pakistan durant les prochaines heures, quand, du côté indien, rien n'indique que l'opération ne soit terminée.