Près d’une collectivité territoriale sur deux a baissé son budget culturel l’an passé : le soutien à la culture en chute libre

Les résultats ne trompent pas : jamais le financement de la culture n’a connu tel péril. Les premiers chiffres du baromètre 2025 de l’Observatoire des politiques culturelles (OPC), dont la version complète sera publiée à l’automne, offrent un constat édifiant.

Entre 2024 et 2025, 47 % des collectivités territoriales et des intercommunalités ont baissé leur budget consacré à la culture. Elles sont deux fois plus nombreuses à avoir opéré cette diminution ainsi qu’entre 2023 et 2024. En outre, 70 % des départements, et autant de régions, ont baissé leurs dépenses liées à la culture, contre 20 % l’année passée.

Le « bloc local », premier financeur de la culture en France, tient le cap, mais amorce néanmoins une baisse quatre fois plus forte que l’année précédente. Ce sont ces mairies et ces intercommunalités qui font tenir pour la plus grande part le château de cartes qu’est devenu le service public de la culture.

Tous les domaines sont touchés

Au classement des domaines les plus fortement désinvestis sur l’exercice passé se talonnent, dans l’ordre, les festivals et événements (- 36 % de budgets de fonctionnement hors masse salariale), le spectacle vivant (- 35 %), puis l’action culturelle et l’éducation artistique et culturelle (- 31 %).

Mais, précise l’enquête, ce sont tous les domaines qui sont touchés, doublement voire triplement par rapport à l’exercice passé. Ce sont, en outre, 41 % des associations culturelles qui voient leurs subventions plonger.

Ces résultats, prélevés sur un échantillon significatif de 12 régions, 74 départements, 75 communes de plus de 50 000 habitants, 46 intercommunalités dont 16 métropoles et sept collectivités d’outre-mer, donnent raison aux craintes formulées par les acteurs culturels. « Il y a cette année une vraie convergence entre les alertes lancées sur le financement de la culture et les résultats donnés par le baromètre », observe Vincent Guillon, codirecteur de l’OPC.

Autant dire que les acteurs culturels, dont les revendications sont prises de haut jusque par la ministre de la Culture, avaient raison d’alerter sur la catastrophe à venir et ont toutes les raisons de se faire entendre aujourd’hui.

« Une réaction s’amorce pour mener la bataille »

Quid de la marge de manœuvre propre à chaque collectivité ? « Au-delà de la pression budgétaire qui pèse sur toutes les collectivités, il y a des arbitrages différents », explique ce spécialiste des politiques culturelles.

« On ne peut pas dire, par exemple, qu’il y ait une généralisation de la situation connue en Pays de la Loire. Un certain nombre de départements ou de villes de droite désavouent ce type de choix. Il apparaît que les politiques culturelles deviennent un marqueur politique fort et n’échappent pas à la polarisation. Cela prouve qu’il est nécessaire de renforcer la régulation publique et d’organiser la coopération entre acteurs publics, même quand il s’agit de redimensionner ces politiques à la baisse. Cette collaboration est indispensable : les désengagements isolés ne sont pas maîtrisés et ne font qu’aggraver les problèmes de financement. »

L’horizon n’en est pas moins gris. « Il faut s’attendre à une poursuite, sur plusieurs exercices budgétaires, de la fragilisation du secteur, prévient Vincent Guillon. On peut douter que le phénomène de délégitimation du soutien politique à la culture s’inverse du jour au lendemain. Mais une réaction s’amorce pour mener la bataille, défendre cette légitimité et ne pas rester passif face au discours de désillusion. »

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