"Conséquences éternelles", "tournant historique"... Les principales réactions internationales après les frappes américaines contre l'Iran

Après les frappes américaines menées dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin contre trois usines nucléaires iraniennes, les tensions au Moyen‑Orient montent d'un cran. Si le président américain, Donald Trump, s'est félicité de ces attaques, évoquant des sites stratégiques "complètement détruits", Téhéran a relativisé les répercussions des frappes.

"L'Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix. S'ils ne le font pas, les prochaines attaques seront bien plus importantes, et bien plus faciles", a prévenu Donald Trump. Depuis, les réactions internationales se sont multipliées. Si Israël salue un tournant stratégique, d'autres pays, notamment en Europe, appellent à une désescalade diplomatique et réclament le retour à la table des négociations.

Téhéran avertit des "conséquences éternelles" du conflit 

"Les événements de ce matin sont scandaleux et auront des conséquences éternelles", promet le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, dénonçant le "comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel" des Etats-Unis. "L'Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple", a-t-il ajouté.

L'Organisation de l'énergie atomique iranienne a de son côté dénoncé "un acte barbare qui viole le droit international" et assuré que "malgré les complots maléfiques de ses ennemis", l'Iran "ne laissera[it] pas le chemin du développement" de son industrie nucléaire "être arrêté".

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate dénonce une décision anticonstitutionnelle 

Le président américain est vivement critiqué par une partie de l'opposition démocrate. "Le président Trump a trompé le pays sur ses intentions, n'a pas demandé au Congrès l'autorisation de recourir à la force militaire et risque d'entraîner les Etats-Unis dans une guerre potentiellement désastreuse au Moyen-Orient", a dénoncé le représentant Hakeem Jeffries, figure du parti, dans un communiqué partagé sur X, dimanche. 

Quant au sénateur Bernie Sanders, figure démocrate, il a pointé l'aspect anticonstitutionnel de la décision de Donald Trump devant une foule à Tulsa (Oklahoma) : "La seule entité qui peut impliquer ce pays dans une guerre est le Congrès des Etats-Unis. Le président n'a pas le droit", a-t-il martelé après les frappes, rapporte Politico.

Côté républicain, l'activiste conservateur Charlie Kirk, jusqu'ici peu enclin à une entrée en guerre américaine, a toutefois affirmé que l'Iran n'avait pas "laissé le choix" au président républicain, ajoutant dimanche sur X : "Quand Trump parle, il faut l'écouter."

Du côté de la Chambre des représentants, le chef de la majorité a salué les frappes. "Les opérations militaires en Iran devraient rappeler clairement à nos adversaires et à nos alliés que le président Trump pense ce qu'il dit", a écrit le président de la Chambre, Mike Johnson. Thomas Massie, le représentant républicain qui a cosigné avec des élus démocrates une résolution sans vote au Capitole, lundi, pour empêcher toute opération militaire contre l'Iran, a toutefois dénoncé une décision "anticonstitutionnelle", sur X.

Le Premier ministre israélien salue un "tournant historique" 

Du côté d'Israël, qui est entré en guerre avec l'Iran le 13 juin, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a adressé un message vidéo à Donald Trump. "Votre décision audacieuse de viser les installations nucléaires de l'Iran avec la puissance impressionnante et juste des Etats-Unis changera l'Histoire", a-t-il notamment déclaré.

Les frappes américaines représentent ainsi un "tournant historique qui peut aider à conduire le Moyen-Orient et au-delà vers un avenir de prospérité et de paix", selon lui. Le chef du gouvernement israélien a poursuivi : "Le président Trump et moi disons souvent : 'la paix par la force.' D'abord vient la force, ensuite vient la paix. (...) Le président Trump et les Etats-Unis ont agi avec beaucoup de force."

La France exprime sa "préoccupation"

Emmanuel Macron s'est entretenu avec le président iranien, Massoud Pezeshkian, dimanche. Il appelle "à la désescalade" pour "permettre un retour à la voie diplomatique", après les frappes menées par les Etats-Unis en Iran, dans une publication sur X. La France "a pris connaissance avec préoccupation des frappes menées cette nuit par les Etats-Unis d'Amérique contre trois sites du programme nucléaire iranien", a assuré de son côté sur X le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, plus tôt dans la journée, précisant que la France n'avait "participé ni à ces frappes ni à leur planification". Le gouvernement français "exhorte les parties à la retenue pour éviter toute escalade susceptible de conduire à une extension du conflit".

Paris affirme ainsi que sa priorité reste "d'assurer la sécurité de [se]s agents et de [se]s ressortissants, ainsi que celle de [se]s intérêts et partenaires dans la région". Tout en réitérant "sa très ferme opposition à ce que l'Iran puisse accéder à l'arme nucléaire", la France assure qu'une "solution négociée dans le cadre du Traité sur la non-prolifération sur les armes nucléaires" est possible. "Elle demeure prête à y contribuer en lien avec ses partenaires".

L'Union européenne exhorte les pays impliqués à "faire un pas en arrière"

L'Union européenne a appelé dimanche "toutes les parties à faire un pas en arrière", selon un message posté sur X par la cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, qui encourage à "revenir à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaire". Elle a également rappelé que "l'Iran ne devait pas développer l'arme nucléaire". Les ministres des Affaires étrangères de l'UE doivent discuter de la situation lundi.

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, appelle, lui, l'Iran à "revenir à la table des négociations" et estime que le pays "ne doit jamais être autorisé à développer une arme nucléaire". "Les Etats-Unis ont pris des mesures pour atténuer cette menace", poursuit-il, ajoutant que "la stabilité dans la région est une priorité".

En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz a réuni son cabinet de sécurité dimanche matin. Il a "réitéré son appel à l'Iran pour qu'il entame immédiatement des négociations avec les Etats-Unis et Israël et trouve une solution diplomatique au conflit", a expliqué le porte-parole du gouvernement allemand, Stefan Kornelius, dans un communiqué.

Au Moyen-Orient, les houthis évoquent une "déclaration de guerre"

Au Moyen-Orient, les réactions ont été vives. Les rebelles houthis au Yémen, soutenus par l'Iran, qualifient les frappes américaines de "déclaration de guerre" contre le peuple iranien, rapporte l'AFP. Ils se disent prêts "à cibler les navires et les bâtiments américains en mer Rouge". Quant au mouvement islamiste palestinien Hamas, il dénonce une "agression criminelle", voyant dans ces attaques "un exemple flagrant de la politique d'imposition de l'hégémonie par la force, une agression basée sur la loi de la jungle, et une violation de toutes les normes et conventions internationales", selon l'AFP citant un communiqué sur Telegram.

De son côté, l'Arabie saoudite dit suivre "avec une grande préoccupation les développements en République islamique d'Iran", selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères. Le pays voisin, Oman, qui joue un rôle de médiateur dans les discussions nucléaires, condamne "cette agression illégale" et appelle à "une désescalade immédiate", tout en avertissant que "l'action entreprise par les Etats-Unis menace d'élargir l'étendue de la guerre et constitue une violation grave du droit international".

Même son de cloche pour le Qatar, autre médiateur dans la région, qui met en garde contre une "escalade" aux "conséquences catastrophiques tant au niveau régional qu'international". Enfin, le gouvernement irakien a condamné les frappes américaines, y voyant une "escalade militaire" qui "menace la sécurité et la paix au Moyen-Orient". 

Moscou dénonce des "bombardements irresponsables"

La Russie a condamné dimanche les frappes américaines, les qualifiant de "bombardements irresponsables" visant son principal allié au Moyen-Orient. "La décision irresponsable de mener des frappes de missiles et de bombes sur le territoire d'un Etat souverain, quels que soient les arguments avancés, viole de manière flagrante le droit international", a ainsi déclaré la diplomatie russe.

L'ONU alerte sur une "dangereuse escalade"

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est dit "gravement alarmé" par les bombardements américains, dès samedi, dans un communiqué. Il met aussi en garde contre "une dangereuse escalade dans une région déjà sur la corde raide – et une menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde".