Cibles souterraines, avions furtifs, riposte de l'Iran : ce que l'on sait des frappes américaines sur des installations nucléaires de la République islamique

Après deux jours de réflexion, il a choisi la voie de l'action militaire. Dans un message publié sur son réseau Truth Social samedi 21 juin dans la soirée (dimanche tôt dans la matinée à Téhéran), Donald Trump a fait savoir qu'une "attaque très réussie" avait été conduite par les Etats-Unis peu de temps auparavant contre trois sites nucléaires iraniens, dont l'installation ultra-sécurisée de Fordo, dans le nord du pays.

Selon le président républicain, ces sites ont été "complètement détruits" grâce à l'emploi d'armes extrêmement puissantes. "Félicitations à nos grands guerriers américains. Aucune autre armée au monde n'aurait pu faire cela. L'heure de la paix a sonné !", a-t-il commenté. De son côté, Téhéran dénonce logiquement ces frappes et relativise leur gravité. Voici ce que l'on sait de cette opération, qui fait monter de plusieurs crans les tensions au Moyen-Orient.

Les frappes ont eu lieu sur les sites de Natanz, Ispahan et Fordo

Selon les messages de Donald Trump, qui a ensuite prononcé un discours à la nation vers 22 heures, heure locale (4 heures du matin à Paris), l'armée de l'air américaine a visé trois sites stratégiques. Il s'agit d'abord des installations de Natanz, situées à 260 km de la capitale iranienne, et qui sont considérées comme le plus grand complexe d'enrichissement d'uranium du régime. Ce site avait déjà été visé par des frappes israéliennes ces derniers jours, des photos satellite montrant des dégâts importants sur les bâtiments en surface. Mais l'état du complexe souterrain, qui compte trois enceintes, selon l'ONG Nuclear Threat Initiative (NTI), restait incertain. Plus à l'ouest, aux alentours d'Ispahan, c'est un important centre de recherches sur le nucléaire qui a été visé. Toujours selon la NTI, ce site datant du début des années 1980 avait été construit avec l'aide de la Chine, et accueillait plusieurs milliers de scientifiques. 

Le troisième site visé, décrit comme "principal" par Donald Trump, est le complexe de Fordo, situé près de la ville sainte de Qom, dont une grande partie est installée profondément sous terre au cœur d'une petite montagne. Comme à Natanz, les bâtiments en surface avaient déjà essuyé des frappes israéliennes. Pour atteindre les parties les plus enfouies du site, jusqu'à 80 mètres de profondeur, les Etats-Unis menaçaient d'utiliser leur bombe anti-bunker GB-57, dont le poids dépasse 13 tonnes par unité. Sur les réseaux sociaux, Donald Trump a fait savoir qu'une "pleine charge de bombes" avait été lancée sur Fordo, sans en préciser la nature.

"De magnifiques machines" ont mené cette opération, selon Donald Trump

Donald Trump n'a pas spécifié quels avions avaient été employés dans la nuit de samedi à dimanche, évoquant simplement de "magnifiques machines". Des analystes militaires avaient toutefois repéré plusieurs bombardiers B2 décollant samedi d'une base aérienne du Missouri (Etats-Unis), ainsi que la mobilisation d'avions de ravitaillement américains sur des bases relais en direction du Moyen-Orient. Ces avions furtifs sont un atout majeur dans la flotte des Etats-Unis, seul pays à en détenir.

Le bilan des attaques reste contesté

Qu'ont réussi à détruire les avions américains cette nuit ? Dans son adresse à la nation samedi soir, Donald Trump a affirmé que les installations d'enrichissement nucléaire de l'Iran avaient été "intégralement et totalement détruites". Etant donné la nature des sites visés, et surtout leur implantation souterraine, très peu de moyens permettent pour l'instant d'en savoir plus. "Aucune hausse des niveaux de radiation n'a été signalée" aux abords des trois complexes attaqués, a déclaré sur X l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), précisant qu'une "réunion d'urgence" aura lieu lundi sur ce sujet.

De son côté, le régime iranien a confirmé que des attaques avaient eu lieu, mais se veut rassurant. L'agence de presse officielle Irna a notamment assuré qu'"il n'y a aucun danger pour les habitants de Qom et de ses environs", après l'attaque du site de Fordo. Morteza Heidari, le vice-gouverneur de la région, a par ailleurs déclaré à l'agence Mehr que seule "une partie" de ce complexe avait été attaquée et que la défense anti-aérienne avait défendu ces installations. Les agences proches du régime affirment aussi qu'une grande partie des stocks d'uranium de Fordo avait été déplacée en prévision de frappes américaines. La situation des deux autres sites, Natanz et Ispahan, n'est pour l'instant pas abordée en détail par les organes de presse du régime.

Téhéran a riposté en visant Israël

Après cette vague d'attaques américaines, la République islamique a dénoncé "une grave violation de la Charte des Nations Unies et du droit international", comme l'a écrit sur X le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. "Les événements de ce matin sont scandaleux et auront des conséquences durables", a-t-il menacé, assurant que les installations nucléaires visées étaient "pacifiques". A l'aube, dimanche, Téhéran a lancé une nouvelle salve de missiles et de drones contre Israël, complice direct, selon le régime, des attaques menées par les Etats-Unis durant la nuit. D'après les secours israéliens, plusieurs immeubles résidentiels ont été frappés à Haïfa (nord) ou encore dans le sud de Tel-Aviv, blessant au moins seize personnes, selon un bilan communiqué dimanche en milieu de matinée. En représailles, l'armée israélienne dit avoir frappé des "cibles militaires" et des "lanceurs de missiles" dans l'ouest de l'Iran.