Scandale des airbags Takata : un distributeur automobile mis en examen pour blessures involontaires, une première

Le 6 mai 2020, un détenteur d’une BMW a un accident de circulation. L’explosion du gaz de l’airbag Takata et la projection d’objets lui provoquent des blessures graves, notamment au visage. Il décide de porter plainte.

Cinq ans plus tard, le 27 mars 2025, le distributeur automobile Leal Réunion est mis en examen par un juge d’instruction de Saint-Pierre (Réunion) pour violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, a appris l’Agence France-Presse ce vendredi 25 juillet. Ce dernier conteste sa responsabilité.

Les airbags Takata sont responsables d’explosions mortelles ou provoquant de graves blessures à cause d’un gaz, le nitrate d’ammonium, qui se dégrade avec le temps, particulièrement dans les climats chauds et humides. Le ministère des Transports a recensé 18 morts liées à ces airbags défectueux en France.

Une expertise pointe l’« inertie » de Leal Réunion

Un responsable de Leal Réunion a défendu, lors de son interrogatoire du 27 mars, les mesures entreprises à l’époque par sa société pour avertir les utilisateurs de BMW, tout en évoquant de nombreuses difficultés pour parvenir à les joindre. Mais une expertise judiciaire a tempéré cette ligne de défense : l’« inertie » de Leal a été mise en exergue. Le distributeur automobile n’aurait réellement commencé à avertir des détenteurs de BMW qu‘« à partir de juillet 2020, soit après l’accident ».

La cour d’appel de Saint-Denis a été saisie, mardi 22 juillet, d’une demande de placement de Leal Réunion sous le statut plus favorable de témoin assisté, d’après une source proche du dossier citée par l’Agence France-Presse.

Outre divers arguments procéduraux, Me Guillaume Martine, l’un des avocats de la société, « entend démontrer que Leal Réunion a mis en œuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux ».

« Des entraves diverses existaient, y compris de la part de pouvoirs publics qui étaient alors nettement moins mobilisés qu’ils ne le sont aujourd’hui », a ajouté le conseil, alors que Leal Réunion affirme avoir sollicité en vain de l’État l’accès aux données du Système d’immatriculation des véhicules.

1,7 million de véhicules visés par une interdiction de circuler

Parallèlement, l’UFC-Que Choisir a annoncé, ce mardi, saisir le tribunal et lancer une action de groupe visant le constructeur automobile Stellantis pour réclamer le versement d’indemnités aux propriétaires de véhicules équipés d’airbags Takata faisant l’objet d’une immobilisation forcée. L’association de consommateurs a assuré souhaiter « que les préjudices causés aux automobilistes victimes des rappels sous ” stop drive ”, opérés depuis 2023 de façon totalement anarchique et déraisonnée, soient réparés ».

Rappelons que le 17 juin 2025, un automobiliste est décédé à Reims en raison de l’explosion de son airbag Takata lors d’un choc avec un autre véhicule. En réaction, le gouvernement français a ordonné aux constructeurs automobiles toutes marques confondues d’immobiliser 800 000 véhicules supplémentaires équipés d’airbags Takata, potentiellement défectueux, portant à 1,7 million le nombre de voitures visées par une interdiction de circuler pour cette raison, jusqu’à remplacement du dispositif.

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