Etats-Unis : Radio Liberty et Voice of America, deux radios publiques historiques menacées de fermeture par Elon Musk
Aux États-Unis, des radios publiques historiques dans le viseur d'Elon Musk. Depuis qu'il a été nommé à la tête d'une commission chargée de tailler dans les dépenses publiques, le milliardaire multiplie les menaces. L'une des dernières en date vise Radio Liberty et Voice of America, deux médias financés par l'État américain et créés sous la guerre froide dans les années 50. Ces radios visaient à envoyer par-dessus le "rideau de fer" des informations échappant à la censure. Elles existent toujours et émettent dans une vingtaine de pays, essentiellement dans l'espace post-soviétique.
L'indicatif sonore de Radio Liberty, "liberté", "svoboda" en russe, pendant des années, des millions de Soviétiques l'ont écouté malgré la censure et les tentatives de brouillage des autorités. "Il y avait principalement trois stations de radio que la propagande soviétique appelait 'les voix de l'ennemi' : la BBC, Voice of America et Radio Liberty", rappelle Artemy Troitsky, un journaliste qui a animé une émission sur cette antenne.
"Leur importance en URSS était énorme. On estime qu'environ 20% de la population de l'URSS écoutaient ces 'voix ennemies', régulièrement ou non."
Artemy Troitsky, journaliste qui a animé une émission sur Radio Libertyà franceinfo
Jusque dans les années 70, Radio Svoboda était directement financée par la CIA, la guerre informationnelle ne date pas d'hier, mais la plupart des informations qu'elle donnait n'en étaient pas moins vraies, comme dans une émission qui date de 1982 et dans laquelle on entend ceci : "Les gens râlaient mais s'en accommodaient. Ces dernières années cependant, l'ambiance a changé : l'incapacité de l'Etat à remplir ses obligations en matière d'approvisionnement en denrées alimentaires de base, qui s'est particulièrement manifesté au cours du dixième plan quinquennal, a intensifié l'agitation des esprits."
Une radio "très estimée pour la qualité de son information"
Radio Svoboda émettait en Union soviétique et dans les pays satellites d'Europe de l'Est où elle a même organisé des lâchers tracts grâce à des ballons envoyés dans le ciel. "Radio Liberty était la plus radicale de toutes les stations de radio occidentales qui émettaient vers l'URSS, relève Artemy Troitsky. Elle était très estimée pour la qualité de son information pendant la période soviétique, et on lui attribue un grand mérite concernant la chute du régime communiste en général."
Après l'effondrement de l'URSS, les États-Unis ont fortement réduit le financement de ce média, avant de le relancer aux alentours de 2014. Radio Liberty est devenu un média numérique, avec une web TV, réalisant des enquêtes, l'un des canaux d'information aujourd'hui des opposants russes de l'intérieur. Sa fermeture serait certainement bien vue au Kremlin.