L’Iran qualifie «d’importants» les dégâts sur ses sites nucléaires
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié jeudi 26 juin «d’importants» les dégâts causés aux installations nucléaires de son pays par la guerre de 12 jours avec Israël, précisant que Téhéran avait commencé à évaluer l’impact du conflit. «Les experts de l’Organisation de l’énergie atomique (iranienne) procèdent actuellement à une évaluation détaillée des dégâts», a-t-il indiqué. «Ces dégâts sont importants» et donnent lieu en même temps à des «études d’experts et des décisions politiques», a-t-il ajouté. Il a affirmé que «la discussion pour exiger des dommages» figurait désormais en bonne place dans l’agenda du gouvernement.
Ces propos sont en contradiction avec ceux tenus le jour même par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a relativisé l’impact des frappes menées dimanche à l’aube par les États-Unis, dans sa première apparition publique depuis la fin de la guerre mardi. Les États-Unis «n’ont rien gagné de cette guerre», a-t-il affirmé, ajoutant que «la République islamique l’avait emporté et, en représailles, infligé une gifle cinglante au visage de l’Amérique». Il a estimé que le président américain avait «exagéré» l’impact des frappes, selon lui «nullement importantes».
«Coup dur»
De fait, Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises que les frappes aériennes lancées par les États-Unis dimanche avaient totalement détruit les principales installations nucléaires iraniennes, ce que contredisent des rapports cités par plusieurs médias américains. Le président américain a même affirmé que le programme nucléaire iranien avait été retardé de «plusieurs décennies» par ces bombardements. Pour le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, le conflit a porté un «coup dur» au programme nucléaire de Téhéran mais il est «encore tôt pour évaluer les résultats de l’opération».
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a également jugé impossible à ce stade d’évaluer les dégâts et réclamé un accès aux sites. L’agence onusienne «a perdu la visibilité (sur les stocks d’uranium enrichi) à partir du moment où les hostilités ont commencé», a expliqué mercredi son directeur général, Rafael Grossi. Alors que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé un accès aux sites iraniens pour mener sa propre évaluation des dommages, Araghchi a indiqué que son gouvernement était engagé par l’adoption d’une loi suspendant la coopération avec cette agence de l’ONU. «Il n’y a pas de doute sur l’application de cette loi» et «désormais notre relation et coopération avec l’Agence va prendre une autre forme», a-t-il souligné. Après un vote mercredi du Parlement iranien, le Conseil des Gardiens, en charge d’examiner la législation en Iran, a approuvé jeudi le texte de loi, qui doit être transmis à la présidence pour ratification finale.
«Droits légitimes»
Téhéran, qui a réaffirmé ses «droits légitimes» à développer un programme nucléaire civil et dément vouloir se doter de l’arme atomique, s’était dit prêt à reprendre les discussions avec Washington sur un accord encadrant son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions frappant son économie. Un précédent accord conclu entre l’Iran et les grandes puissances en 2015 afin d’encadrer le programme nucléaire de l’Iran était devenu caduc après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018, sous le premier mandat de Donald Trump. Un sixième cycle de négociations sur le programme nucléaire de l’Iran, prévu le 15 juin via la médiation du sultanat d’Oman, a été annulé en raison de la guerre déclenchée deux jours plus tôt par l’attaque israélienne contre l’Iran.
Israël avait lancé le 13 juin une attaque aérienne massive sur l'Iran, dans l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. Selon un bilan officiel iranien, les frappes israéliennes ont tué au moins 627 civils et fait plus de 4.870 blessés. L'Iran a riposté par des tirs de missiles et de drones, qui ont fait 28 morts en Israël.