Le nouvel homme le plus riche du monde, Larry Ellison, a de nombreux points communs avec Elon Musk. Le fondateur d’Oracle possède des parts dans Tesla et siège même au conseil d’administration. Surtout, il vient de prendre à son homologue le titre d’humain le plus riche du monde.
Cette première place est probablement temporaire, elle n’est d’ailleurs accordée que par Bloomberg. Néanmoins, mercredi 10 septembre, le cours de l’éditeur de logiciels professionnels a bondi de plus de 200 milliards de dollars à Wall Street, faisant flamber la fortune de son principal actionnaire de 100 milliards. Avec 393 milliards de dollars, sa fortune dépasse les 385 milliards d’Elon Musk. En revanche, Forbes laisse le patron de Tesla et ses 463 milliards de dollars en tête de son classement devant Larry Ellison (387 milliards).
Les deux nababs penchent en tout cas bien à l’extrême droite et ont activement soutenu le candidat Donald Trump. Ellison, fringant octogénaire, détonnait alors un peu parmi la jeune garde des techno-fascistes que Musk et Peter Thiel ont ramenée dans leur sillon à la Maison-Blanche. Tous partagent néanmoins les mêmes idées. Sur le transhumanisme, ils sont convaincus que la technologie viendra dépasser les limites du corps humain, voire de la Terre.
Larry Ellison trouve le concept de mortalité « incompréhensible ». Mais faute de résultat de son Ellison Medical Foundation contre le vieillissement, il s’est tourné vers… la chirurgie esthétique. Ce qui ne l’empêche pas d’être très chrétien et de se référer à la Bible. En 1977, il choisit d’appeler sa société du nom d’Oracle, en référence au proverbe : « Là où il n’y a pas de vision, les peuples périssent. »
Sorti de la retraite pour Donald Trump
Retraité depuis 2014, Larry Ellison a tout de même conservé 41 % des parts du groupe et la direction du conseil d’administration. Jusqu’à la réélection de Trump, il ne faisait plus les gros titres de l’actualité économique, préférant dépenser sa fortune en s’achetant Lanai, la sixième plus importante île de l’archipel d’Hawaï, dont il possède 98 % du sol, un bon tiers des habitations et l’essentiel des entreprises et commerces, le tournoi de tennis d’Indian Wells ou le challenge américain de la Coupe America.
Parfois la presse se faisait écho de ses excentricités. Le Wall Street Journal a ainsi raconté qu’un hors-bord suivait son yacht pour récupérer les ballons à la mer lorsqu’il lui prenait de jouer au basket sur l’un de ses terrains nautiques. Le mauvais goût de sa demeure californienne à 200 millions de dollars, entre château médiéval japonisant et parc d’attractions, a aussi beaucoup fait rire. Mais pas les projets de colonisation des terres palestiniennes que ce proche de Netanyahou a financés…
D’Oracle à Big Brother
C’est début 2025 que son nom est reparu lors de l’annonce du projet « Stargate » de Donald Trump, un plan d’investissement de 500 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle, mené par une coentreprise rassemblant OpenAI (ChatGPT), Oracle et le fonds d’investissement Softbank, dans laquelle Ellison s’implique personnellement.
L’activité d’Oracle se concentre sur les logiciels à destination des entreprises, particulièrement la gestion de base de données. Sous la houlette de Safra Catz, qui dirige l’entreprise depuis la retraite de Larry Ellison, le groupe a saisi très tôt l’opportunité du « cloud » : plutôt que de vendre des logiciels, Oracle loue à l’année des licences d’utilisation des programmes qu’il héberge, s’accordant une véritable rente.
Depuis dix ans, la multinationale a développé des centres de données lui permettant de se positionner aujourd’hui, avec Microsoft, comme acteur incontournable de l’hébergement des IA. Ainsi, entre juin et août, le montant des contrats signés par sa division cloud est passé de 138 milliards à 455 milliards de dollars. La publication de ces résultats, mercredi, et l’annonce d’un nouveau contrat de 30 milliards de dollars avec OpenAI ont fait bondir le cours de l’entreprise de 38 % en une journée.
Larry Ellison a une vision pour l’intelligence artificielle. Il veut que chaque caméra, y compris celles des smartphones, filme en permanence, envoie les flux à des centres de données d’Oracle où des IA analyseront les comportements. « Les citoyens se comporteront mieux car nous enregistrerons et rapporterons tout ce qui se passe », a-t-il expliqué en septembre 2024 à ses actionnaires, prônant l’utilisation de drones de surveillance à la place des voitures de police. Car, « sans travail humain, pas de malveillance humaine, pas d’erreur humaine et pas de coût humain ». Un vrai rêve de patron.
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