Plus 10 % de revenus pour les riches, moins 10 % pour les pauvres… Le populiste Donald Trump fait adopter son budget ultralibéral

À quoi tient la première victoire de Donald Trump au Congrès ? À la mort d’un adversaire. Littéralement. La voix manquante du député démocrate Gerry Connolly, décédé mercredi d’un cancer, a permis aux républicains, jeudi 22 mai, de faire adopter leur projet de loi budgétaire par 215 voix contre 214. Donald Trump s’est aussitôt félicité de cette « grande et belle loi ». « C’est sans doute le texte législatif le plus important qui sera signé dans l’histoire de notre pays », a-t-il ajouté. Rien de moins.

Alors qu’il avait décidé de gouverner par décrets depuis le début de son mandat, Donald Trump se trouvait obligé de passer par le Congrès pour faire valider le budget. Le risque s’avérait aussi grand que la majorité des républicains à la Chambre des représentants est maigre, tenant à une poignée de voix. Et, en effet, deux élus républicains ultra-conservateurs ont fait défection, jugeant que cette proposition de budget allait creuser le déficit.

Immenses coupes budgétaires

Il n’aura donc fallu que le décès d’un député démocrate pour que le texte franchisse l’étape de la chambre basse avant de se diriger désormais vers le Sénat où les élus républicains ont déjà signalé leur intention d’apporter d’importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, laissant incertaine la date à laquelle Donald Trump pourra parapher ce projet de loi emblématique.

Ce dernier comporte tout d’abord l’extension des gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat qui arrivent à expiration à la fin de l’année. Selon différents analystes indépendants, cela pourrait accroître le déficit de l’État fédéral de 2 000 milliards à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

Le projet de loi prévoit aussi de supprimer l’imposition sur les pourboires, une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu. Cette disposition constitue un véritable casse-tête pour les restaurateurs notamment : les serveurs vont se voir exonérer d’impôts sur la majeure partie de leur salaire tandis que les cuisiniers n’y auront pas droit.

Ce manque à gagner fiscal, les républicains ont prévu de le compenser en réalisant d’immenses coupes dans les dépenses publiques. À commencer par Medicaid, un programme public d’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes. Selon l’analyse du CBO (Congressional budget office), une agence parlementaire non partisane, les coupes actuellement prévues menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes. Le plus grand programme public d’aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché.

Parfait exemple de la théorie du ruissellement

Alors que Donald Trump a mené en partie campagne sur les difficultés financières des classes populaires et moyennes, son premier budget aura pour effet, selon le CBO, d’augmenter les revenus chez les 10 % des ménages les plus aisés, tandis que ceux des 10 % des ménages les plus pauvres baisseraient. Un parfait exemple de politique économique de ruissellement (trickle down) masquée derrière une rhétorique politique.

« L’arnaque fiscale du Parti républicain arrache des soins de santé et de l’aide alimentaire des mains de millions de gens afin de donner des crédits d’impôt aux riches », a dénoncé le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.

Certains républicains, élus dans des circonscriptions « pivots » – les mêmes où Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez ont porté le fer avec leur « tournée contre l’oligarchie » – craignent un retour de bâton électoral lors des élections de mi-mandat, en novembre 2026. Ils redoutaient encore sans doute plus le courroux de Donald Trump et sont finalement rangés derrière l’un des budgets les plus inégalitaires de l’histoire récente du pays.

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