Donald Trump (3/5) : son rapport à la vérité

Le 8 janvier 2021, deux jours après l'insurrection du Capitole par ses partisans chauffés à blanc, Donald Trump est définitivement banni de Twitter où il postait compulsivement des messages depuis plusieurs années. Il décide alors de lancer son propre réseau baptisé "Truth Social", truth signifiant vérité en anglais.

Décrit comme un menteur pathologique par de nombreux spécialistes des États-Unis. Le milliardaire est devenu le roi de la fake news à la Maison Blanche, où il a rendu fou les services de vérification des faits, cumulant plus de 20 000 mensonges lors de son premier mandat. Dans la foulée d'une campagne où la radio publique américaine avait relevé un pic de 162 mensonges lors d'un entretien de moins d'une heure.

"L'hyperbole véridique"

Pour comprendre le rapport de Donald Trump à la vérité, il suffit de lire ce qu'il en dit dans son livre L'Art du deal, publié en 1987 avec le journaliste Tony Schwarz. Cette vérité malléable, "j’appelle ça hyperbole véridique, écrit Donald Trump. C’est une forme innocente d’exagération, et une forme très efficace de promotion". Le milliardaire la présente comme une technique de vente : étirer ou déformer la réalité, pour mieux séduire un client ou plus tard un électeur.

Cette relation, assez élastique à la vérité, remonte à loin chez Donald Trump. Dès le lycée, le jeune Donald pose pour la photo annuelle avec une veste empruntée à l'un de ses camarades. Pas n'importe lequel, évidemment, un élève brillant dont la veste se trouve être largement pourvue en médailles et en décorations. Ça fait plus classe sur la photo.

Les 10 étages supplémentaires de la Trump Tower

Chez les Trump, le mensonge est aussi une affaire de famille. Dans les années 80, Donald reprend un récit inventé par son père sur les origines suédoises de la famille, pourtant débarquée d'Allemagne au début du XXe siècle. Le père et le fils étaient visés quelques années plus tôt par une plainte pour discrimination envers des locataires afro-américains. Les Trump perdent en première instance, puis en appel, ils sont condamnés à payer. Mais à l'issue du procès, ils crient victoire.

Toujours attaquer, toujours nier, ne rien admettre et dire qu'on a gagné. Cette méthode Coué est inculquée à Donald Trump alors qu'il n'a pas encore 30 ans par le sulfureux Roy Cohn, un avocat rusé, intraitable, qui deviendra son mentor à Manhattan. Une relation qui est au cœur du film The Apprentice, sorti en 2024.

Symbole de Manhattan et de sa réussite personnelle, la Trump Tower est aussi, à sa manière, un bon exemple de cette vérité alternative chère à Donald Trump. Quand les appartements ne se vendent pas, il fait croire que Lady Di et le prince Charles en ont acheté un. C'est complètement faux, mais ça marche. La taille de la tour est également exagérée, selon le magazine Forbes, qui suit de très près les affaires du milliardaire et qui assure qu'il a multiplié par trois dans les médias la taille réelle de son penthouse, cet appartement de luxe situé au sommet de la tour. Un sommet qui est vendu comme le 68e étage alors qu'il n'y en a que 58. Le résultat d'un subtil arrangement dans la numérotation ou, comme dirait Trump, d'une forme innocente d'exagération.