"Il nous a brossés dans le sens du poil" : à l'université d'été de la CFDT, l'opération séduction de François Bayrou ne convainc pas les adhérents

François Bayrou essaye de rallier à sa cause les partenaires sociaux, alors que le sort du gouvernement ne tient qu'à un fil. Après avoir annoncé qu'il engagerait le 8 septembre la responsabilité de son gouvernement, le Premier ministre a participé mardi 26 août à l'université d'été de la CFDT, à Boissy-la-Rivière, près d'Etampes, dans l'Essonne. Il a tenté une opération séduction en se disant notamment prêt à demander une contribution des plus hauts revenus, mais cela ne suffit pas à convaincre les adhérents du syndicat.

À la fin du discours de François Bayrou, les applaudissements étaient timides et le visage de Jean-Luc déconfit. Ce militant CFDT en Normandie assure ne pas être dupe du jeu du Premier ministre. "Il nous a brossés dans le sens du poil, lance-t-il. Lorsqu'il dit : 'on va commencer à regarder comment les entreprises dépensent les aides qu'on leur attribue', on ne peut qu'être d'accord avec lui."

Mais il n'a pas bougé sur les pistes budgétaires dénoncées depuis mi-juillet par la centrale. Les militants s'attendaient à des avancées concrètes, ou au moins à une main tendue, mais force est de constater que le gouvernement est resté inflexible sur la nouvelle réforme de l'assurance-chômage,
s'insurge Anne-Claude, secrétaire nationale à la CFDT Mines et Métallurgie. "L'an dernier, on a abouti à quelque chose sur le chômage. Là, ce n'est même pas encore en œuvre et il veut déjà le changer ? Ce n'est pas un gros respect des négociations", lâche-t-elle.

Fin de non-recevoir de la CFDT

Pour se faire entendre, la CFDT promet de se mobiliser et l'idée de battre le pavé fait sourire cette militante. "J'ai hâte, oui, se réjouit-elle. C'est bien que les organisations syndicales se mettent ensemble et fassent un mouvement." 

Sous quelle forme et à quelle date exactement ? Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, évoque le mois de septembre, mais le calendrier sera discuté en détail vendredi lors d'une intersyndicale. Et pour montrer au gouvernement qu'elle ne bluffe pas, elle leur adresse une fin de non-recevoir sur l'une des négociations voulues par l'exécutif : la suppression de jours fériés. "Supprimer ces journées, c'est envoyer un message clair : 'vous travaillerez plus, mais sans droits nouveaux, sans reconnaissance, sans partage et surtout, sans rémunération supplémentaire', a-t-elle lancé. C'est pourquoi la CFDT ne sera pas autour de la table pour valider la suppression des jours fériés, quelles qu'en soient les modalités." Une décision qui fait l'unanimité auprès des 300 militants présents à Boissy-la-Rivière.