En Syrie, les autorités tentent de "ramener l'ordre" après 72 heures de chaos

Les autorités syriennes ont affirmé oeuvrer à "ramener l'ordre" dans l'ouest du pays, ancien bastion du président déchu Bachar al-Assad, où 745 civils ont été tués en trois jours, selon une ONG. Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis la prise de pouvoir le 8 décembre en Syrie d'une coalition rebelle emmenée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, HTS. 

Le bilan humain est toujours provisoire mais les morts civils se comptent par centaines, majoritairement des hommes mais aussi des femmes et des enfants. Ils se concentrent sur la côte syrienne dans les villes de Tartous et Lattaquié. Des villes avec une grande communauté alaouite, celle de l’ancien dictateur Bachar el Assad, là où ses derniers soutiens ont semé le chaos ces derniers jours avec des attaques coordonnées contre des civils et le nouveau pouvoir. 

Ces combattants loyalistes sont encore traqués par les nouvelles autorités, mais promettent pourtant de récidiver. Le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa a appelé à ne pas faire de punitions collectives et de ne pas tuer des civils. Mais certains combattants en ont décidé autrement. Plusieurs témoins sur place des massacres parlent de miliciens pro-turcs de l’ANS, de jihadistes d’Asie centrale (Ouighours ou Kirghiz). On a là toute une galaxie de combattants islamistes qui, depuis quelque temps, commencent à contester le pouvoir du nouveau président, et auraient ainsi perpétré ces massacres. 

Des islamistes frondeurs

"Ramener l’ordre" est donc désormais le plus grand défi qui s’impose aux nouvelles autorités depuis la chute du régime d’Assad. Il faut bien comprendre le contexte dans lequel se joue cette séquence. Ahmed al-Charaa a promis ce mois-ci un nouveau gouvernement, une assemblée citoyenne pour assurer une transition démocratique. Il a déjà nommé un comité chargé d’écrire une ébauche de Constitution, en partie composé par des laïques. Le risque, c’est alors que des islamiste frondeurs, s’opposent à ce projet. 

Ces derniers jours, plusieurs radicaux, des anciennes forces rebelles, auraient été parmi les acteurs des massacres alaouites. Pour eux, l’enjeu est d'empêcher cette transition aux antipodes de leurs ambitions jihadistes. Ahmed al-Charaa a promis que ceux qui se sont rendus coupables de crimes de guerre seront arrêtés et jugés. Sa crédibilité sera évaluée à l’aune de cette promesse. S’il n’est pas capable de purger ses rangs et de stabiliser la situation, il sera encore plus difficile d’unir une Syrie toujours morcelée en différents bastions de groupes armés. Et le chaos pourrait s’installer durablement dans le pays.